Les perturbateurs endocriniens responsables de malformations génitales

par Clotilde de Gastines / 08 juin 2015

Une étude menée au CHU de Montpellier montre que le risque de malformation génitale est plus élevé chez les garçons exposés in utero à des perturbateurs endocrinens. Des substances qui ne font toujours pas l’objet d’une stratégie européenne de prévention.

Pesticides, solvants et détergents sont responsables de malformations génitales chez les enfants, démontre une étude inédite du CHU de Montpellier publiée le 23 mai par la revue European Urology. 600 petits garçons, 300 sains et 300 souffrant d’hypospadias (malformation du pénis), ont participé à l’étude menée sur cinq ans par les Prs Charles Sultan et Nicolas Kalfa. Il apparaît que les fils d’agriculteurs, d’esthéticiennes ou encore d’agents d’entretien exposés in utero à des substances chimiques ont trois fois plus de risques que les autres de développer un hypospadias.

Pression des lobbies industriels

Bien que l’étude conforte des alertes plus anciennes, la stratégie européenne de prévention contre les perturbateurs endocriniens est toujours au point mort depuis décembre 2013. Dans un communiqué, l’Institut syndical européen (Etui) dénonce l’alliance des lobbies et des hauts fonctionnaires européens. Deux ONG, Pesticide Action Network Europe et Corporate Europe Observatory, révèlent que la Commission a interrompu ses travaux sous la pression de sa secrétaire générale, Catherine Day. Elle cédait à l’intense campagne de lobbying orchestrée entre mars et juin 2013 par de grandes entreprises chimiques (Bayer, BASF, DuPont), des fédérations patronales du secteur et la chambre de commerce américaine.

VOTE EN PREMIÈRE LECTURE DE L’INTÉGRATION DU CHSCT DANS LA DUP

Nouvelle étape pour les réformes du dialogue social et de la médecine du travail. Le projet de loi sur le dialogue social et l'emploi a été adopté en première lecture à l’Assemblée nationale le 2 juin et transmis au Sénat. L’article 8 programme l’intégration du comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) au sein de la délégation unique du personnel (DUP) dans les entreprises de moins de 300 salariés. Peu d’amendements ont été acceptés sur ce sujet, comme le précisera Santé et Travail dans son numéro de juillet. Retrouvez le détail des discussions et des navettes parlementaires en cliquant ici.

LE RAPPORT SUR LA MÉDECINE DU TRAVAIL SUSCITE DES INQUIÉTUDES

La mission parlementaire sur la médecine du travail appuyée par l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) a transmis son rapport final au Conseil d'orientation sur les conditions de travail (Coct) le 28 mai. Ce document présente au total 27 recommandations, qui confortent la mission de prévention du médecin du travail et mettent l’accent sur l’aide que les médecins du travail et l’ensemble des services interentreprises de santé au travail doivent apporter aux TPE. Il encourage à maintenir le système de restrictions d’aptitude, à modifier les conditions de constatation de l’inaptitude, à encadrer juridiquement l’inaptitude temporaire, à rendre obligatoires la transmission des préconisations du médecin du travail sur des situations collectives de travail et la réponse de l’employeur à l’Inspection du travail et au CHSCT.

Des points d’inquiétude subsistent sur le passage de la visite médicale à cinq ans, la visite d’embauche confiée à des infirmiers, un suivi médical des salariés précaires très allégé. Selon ses détracteurs, le rapport privilégie la prise en compte de la pénurie de médecins et l’allègement des contraintes des entreprises, au détriment de l’amélioration de la politique de santé au travail.

A LIRE AILLEURS SUR LE WEB
  • L’inspection du travail est au cœur des affaires Tefal et Croix-Rouge.

    Dans l’affaire Tefal, le directeur général du Travail, Yves Struillou, a rappelé à l’ordre le procureur d’Annecy, qui avait déclaré vouloir « faire le ménage » à l’Inspection du travail. A lire dans L’Humanité du 2 juin.

    Quant à la Croix-Rouge, un rapport de l’Inspection décrit une organisation du travail « illégale » et « pathogène ». A lire dans Le Parisien.