Filière déchets, ou les toxiques de l'intérieur

par Isabelle Mahiou / janvier 2016

Fini les dégagements de dioxine du début des années 2000 ! Tout va mieux dehors. Mais à l'intérieur ? Une enquête de la CFDT auprès de 650 salariés de centres de tri, d'incinérateurs et de sites de traitement mécano-biologique montre que les conditions de travail sont leur première préoccupation, avant les rémunérations. Plus de 80 % estiment que leur activité a des répercussions sur leur santé. "Ce qui inquiète le plus les militants, c'est le risque cancérogène et biologique, associé à l'exposition aux différentes émanations et poussières", indique Pierre-Gaël Loréal, secrétaire fédéral de la Fédération CFDT construction bois. En cause, notamment, les métaux toxiques. "C'est dans les phases de maintenance lourde, les bourrages et les opérations de nettoyage que le risque chimique est le plus important, explique Ronan Levilly, responsable d'études à l'Institut national de recherche et de sécurité (INRS). Néanmoins, les industriels du secteur ont pris conscience de la problématique et font preuve de volontarisme pour mettre en oeuvre des solutions de prévention pérennes dans la limite des possibilités techniques ou financières." Pierre-Gaël Loréal confirme : "Il y a une volonté d'améliorer la prévention. Nous souhaitons aussi davantage nous faire entendre des acteurs locaux dans les commissions de suivi de site." Il pointe du doigt des défauts de conception des installations et un manque d'investissement des collectivités.

Plombémies hors normes. Filière plus récente, le recyclage génère de nouveaux risques : les produits contiennent souvent un mélange de métaux toxiques, tels que plomb, mercure, cadmium dans les déchets électriques et électroniques, dont la maîtrise est difficile. L'affaire d'Environnement Recycling, qui emploie près de 200 personnes à Montluçon (Allier), l'illustre à l'extrême. Des salariés ont été alertés par l'empoussièrement des locaux où sont concassés des écrans de télévision et par les plaintes de fatigue intense et autres maux de tête. Des analyses de sang ont révélé des plombémies hors normes. La CGT locale poursuit l'employeur, qui, "sous une apparence d'entreprise vertueuse recyclant et faisant de l'insertion, met en danger ses salariés", déplore Laurent Indrusiak, secrétaire de l'union départementale.