Un été meurtrier pour les infirmier(e)s

par Rozenn Le Saint / 05 septembre 2016

Cinq infirmier(e)s ont mis fin à leurs jours au cours de l’été, certain(e)s sur leur lieu même de travail. Les organisations syndicales, qui dénoncent les conséquences des restructurations à l’hôpital, ont interpellé la ministre de la Santé.

Le 13 août, le funeste décompte s’est de nouveau enclenché. Une infirmière du service médical interprofessionnel de la région de Reims (SMIRR) s'est donné la mort. La deuxième de ce service en trois semaines. Le Parisien indique que « l'une des deux infirmières était revenue depuis peu de temps d'un arrêt de travail de plusieurs mois, après avoir dénoncé le harcèlement dont elle était victime ». En tout, cinq infirmiers se sont suicidés durant l'été. Le 30 juin, ce fut le cas d’un soignant de la Sarthe, qui a mis en cause la direction de son établissement dans une lettre, que s’est procurée la CGT, indique le site infirmier.com.

Sur le lieu de travail

Suite à la minute de silence consacrée au suicide d'une infirmière du Havre le 24 juin, son mari a lu un courrier qu'elle avait laissé. Selon France bleu, elle y dénonçait la pression exercée depuis plusieurs mois par sa hiérarchie, afin de l'obliger à quitter son service. Le 13 juin, un infirmier toulousain avait lui aussi mis fin à ses jours. Dans un communiqué, la CGT du CHU de la ville rose s'interroge sur « ce geste qui par le fait d'être sur le lieu de travail interroge tout le fonctionnement actuel du CHU » et exige « un moratoire sur toutes les restructurations au CHU ». Pour l'heure, c’est le seul de ces suicides à avoir été reconnu comme accident du travail.

« Prévenir la survenue d’autres drames »

Plus globalement, la CGT santé déplore qu'« en dépit du protocole d’accord sur la prévention des risques psychosociaux signé par le gouvernement et huit organisations syndicales de la Fonction publique, aucune mesure concrète n’est appliquée à ce jour pour prévenir toutes les violences faites aux agents sur leur lieu de travail et pour lutter contre le harcèlement moral ». Même écho du côté de la Coordination nationale des infirmiers (CNI), sur le site de l'organisation. Dans une lettre ouverte envoyée à la ministre de la Santé, le syndicat parle de « non-assistance à personnels en danger », dénonce le « mutisme » de Marisol Touraine et demande de « prendre toutes les mesures nécessaires pour prévenir la survenue d'autres drames ».

La ministre de la Santé a fini par se dire « profondément attristée », sur le site espaceinfirmiers.fr, et a promis pour cet automne « une série de nouvelles mesures, qui s'appuieront notamment sur les travaux actuellement menés par l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) ». Elles compléteront le travail déjà engagé depuis 2012 sur la prévention des risques psychosociaux.

 

 

LES CINQ PRIORITÉS POUR LUTTER CONTRE LES PESTICIDES

Les associations Alerte médecins pesticides, Générations futures et Phyto-victimes ont publié un communiqué commun, le 30 août, à l’attention de l’Agence de sécurité sanitaire (Anses) et de ses ministres de tutelle, suite à la publication de l’avis de l’agence sur les expositions aux pesticides des travailleurs agricoles, le 25 juillet. Une action destinée à « mettre en exergue les éléments de ce précieux rapport » et à rappeler leurs demandes pour lesquelles elles attendent « des réponses claires ». Elles énumèrent leurs cinq priorités :

1. Les conditions de la confiance dans les missions d’expertise doivent être respectées, en évacuant tout risque de conflit d’intérêts ;

2. Les ambitions des mesures doivent être supérieures au plan Ecophyto 2 ;

3. L’information et la formation des professionnels doivent être confiées à des organismes indépendants, et non « aux personnes appartenant à des entreprises dont les bénéfices commerciaux sont directement dépendants de l'usage de pesticides » ;

4. Il faut que les études de terrain indépendantes soient multipliées et que « leurs résultats soient intégrés au processus d’homologation des produits » ;

5. L’homologation des produits doit être réformée de toute urgence.

Les associations proposent qu’un groupe de travail du comité de suivi de la direction des autorisations de mise sur le marché (Damm) de l'Anses « soit constitué d'urgence ». Elles rappellent enfin qu’elles attendent des avancées concrètes dans la protection des travailleurs de l’agriculture.

A LIRE AILLEURS SUR LE WEB
  • – Les données Dares de juillet sur les accidents du travail, toujours plus fréquents chez les ouvriers, malgré une tendance globale à la baisse.

    – L’enquête sur les poseurs de revêtement sur le site preventionautravail.com.

    – L’expérimentation par Amazon de la semaine de 30 heures aux Etats-Unis sur le site du Figaro et de Courrier international.