« Parlons travail », la grande enquête de la CFDT

par Rozenn Le Saint / 11 octobre 2016

Le sondage en ligne lancé par la CFDT le 20 septembre dernier vise à nourrir le débat politique sur le travail, en vue de la présidentielle de 2017. L’enquête est ouverte à l’ensemble de la population active jusqu’à fin décembre. Le compteur affiche 50 000 participants.

La CFDT a l’ambition d’en faire « la plus grande enquête jamais réalisée sur le travail ». Rien que cela. L’enquête « Parlons travail », lancée par la confédération syndicale le 20 septembre dernier en partenariat avec Libération et le site Internet Viadeo, s’adresse à tous les Français, syndiqués ou non. Ils sont invités à répondre au questionnaire en ligne d’ici au 31 décembre 2016. La CFDT espère ainsi toucher des « dizaines de milliers de personnes ».

Ensuite, en janvier, deux scientifiques, experts des enquêtes sur le monde du travail, le statisticien et ergonome Serge Volkoff (membre du comité de rédaction de Santé & Travail) et la sociologue du travail Marie-Anne Dujarier, produiront une analyse de synthèse de l’enquête. Les résultats seront rendus publics sur la période février-mars, à l’aube des échéances électorales de 2017. Le but ? Interpeller les candidats à l’élection présidentielle et imposer la question du travail dans le débat public pendant la campagne.

Confrontation de points de vue

Au-delà, l’enquête est également interactive. Elle offre un espace d’expression aux salariés et leur permet de confronter leur propre vécu du travail à celui de l’ensemble des répondants. Le site Internet dédié à l’enquête propose en effet, outre le questionnaire, des vidéos et infographies en temps réel. Les sondés, au gré de leurs réponses aux 172 questions, peuvent ainsi savoir ce qu’ont répondu les participants précédents. Des infographies statistiques sont fournies sur la répartition des réponses entre les différents items proposés par l’enquête, pour les 25 thèmes abordés : conditions de travail, stress, horaires, pénibilité...

Même ceux qui abandonnent en cours de route peuvent disposer de ces éléments de compréhension, avec la possibilité d’affiner la lecture des résultats en fonction du sexe, de l’âge et du secteur d’activité du répondant. Ils peuvent aussi confronter leur ressenti à celui exprimé par d’autres répondants, filmés pendant qu’ils s’attelaient à remplir le questionnaire.

 

 

CONDAMNATION DE MÉDECINS DU TRAVAIL

Les Drs Dominique Huez et Bernadette Berneron, médecins du travail, ont tous deux été condamnés en appel par le Conseil national de l’ordre des médecins (Cnom) pour avoir établi des certificats attestant d’un lien entre l’état de santé d’un de leurs patients et son travail. Ces décisions, rendues publiques le 26 septembre, font suite à des plaintes d’employeurs. Les deux praticiens ont décidé de se pourvoir en cassation devant le Conseil d’Etat, pour démontrer l’illégitimité du droit donné aux directions d’entreprise de contester leurs écrits établissant ce rapport de cause à effet.

L’association Santé et médecine du travail (a-SMT) et la CGT des cadres (Ugict-CGT) ont dénoncé cette décision. Cette dernière déplore « une argutie juridique dans le Code de la santé publique » qui « permet depuis 2007 aux employeurs d'attaquer tout médecin, dont les médecins du travail, devant l'Ordre des médecins ». « Les employeurs refusent que les médecins se mouillent en établissant un lien entre santé et travail car leurs écrits peuvent être utilisés par les salariés quand ils affrontent leurs patrons aux prud’hommes, résume pour sa part Me Jean-Louis Macouillard, l’avocat des blouses blanches. Or les médecins n’ont pas la possibilité de se défendre devant le Cnom au risque de porter atteinte au secret médical. » Comme le Dr Dominique Huez en avait fait la preuve lors de son audience en appel, le 8 juin 2016. Le Conseil d’Etat devra déterminer si la possibilité offerte aux employeurs d’agir devant l’instance ordinale est bien conforme à l’esprit de la loi ou si le gouvernement a agi en excès de pouvoir, en le permettant via la rédaction d’un décret inadéquat.

A LIRE AILLEURS SUR LE WEB
  • – Sur le site du Parisien, un article sur la mobilisation destinée à demander un procès pénal, à l’appel de l'Association nationale de défense des victimes de l'amiante (Andeva).