1 suicide sur 10 aurait un lien potentiel avec le travail
Le 10 septembre dernier, Santé publique France a présenté les résultats d’une étude exploratoire sur les suicides en lien potentiel avec le travail. Pour la mener à bien sur une année, l’agence nationale de santé publique s’est associée au Centre d’épidémiologie sur les causes médicales de décès (CépiDC), de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), et à huit instituts de médecine légale (IML). Et elle a surtout utilisé une nouvelle définition pour cerner ce type de suicide. Selon cette dernière, établie via un comité d’appui thématique en santé mentale et travail, il y a suicide en lien potentiel avec le travail lorsqu’au moins l’une des cinq situations suivantes se présente : le décès intervient sur le lieu de travail ; une lettre laissée par la victime met en cause ses conditions de travail ; la victime est en tenue de travail alors qu’elle ne travaille pas ; les témoignages des proches de la victime mettent en cause ses conditions de travail ; des difficultés liées au travail sont connues, d’après les données recueillies par des proches de la victime ou des enquêteurs.
A partir de cette définition, l’étude montre que près de 10 % des 1 135 cas de suicides examinés entre le 1er et 31 décembre 2018 ont un lien potentiel avec le travail. Soit 110 personnes concernées (83 hommes et 27 femmes), dont une majorité de 45-54 ans (37 %) et d’employés (31 %). L’administration publique et le commerce sont les secteurs d’activité où les suicides sont les plus fréquents. Pour 64 % des victimes, les difficultés au travail étaient connues (épuisement professionnel, conflits avec les collègues ou la hiérarchie, faillite ou encore perte d’un emploi). D’ailleurs, dans 33 % des cas, un témoignage de proche a pu mettre en cause les conditions de travail. Dans 48 % des situations, le suicide s’est produit sur le lieu du travail (27 % pendant les horaires de travail, 14 % en dehors). Enfin près de 12 % des personnes étaient en tenue professionnelle au moment de leur mort, et 11 % ont laissé une lettre incriminant leur activité. Cette étude montre également qu’il serait de développer un système de surveillance des suicides en lien potentiel avec le travail, à partir des données des IML.