30 ans de Santé & Travail mag, ça se fête !
A l’occasion de ses trente ans d’existence, la revue Santé & Travail organise deux débats avec les leaders syndicaux et patronaux, le 19 mai prochain au Conseil économique, social et environnemental (Cese) à partir de 16h30, sur le travail soutenable et le dialogue social. Inscription gratuite mais obligatoire ici.
« Plein le dos ! » C’était le titre du premier numéro de la nouvelle revue Santé & Travail, créée par la Mutualité française et publiée en avril 1991. Un numéro consacré à la prévention des lombalgies professionnelles et des accidents du travail, deux fléaux majeurs au début des années 90.
Pour René Teulade, alors président de la Fédération nationale de la Mutualité française (FNMF), il s’agissait de désenclaver le thème de la santé au travail considéré comme le parent pauvre de la santé publique et de faire de ce magazine « un lieu de débat, de partage du savoir entre chercheurs et praticiens de terrain », comme il l’écrivait dans l’éditorial du premier numéro. L’ambition assignée à la petite équipe de journalistes et au comité de rédaction était de contribuer à la formation et à l’information des représentants du personnel au CHSCT, et de faire de ce nouveau support un outil de promotion de la santé au travail. Au-delà de la prévention des accidents du travail, c’est la question des inégalités sociales de santé qui préoccupait le dirigeant mutualiste. « Intérimaires, salariés des entreprises sous-traitantes, salariés sous contrat à durée déterminée sont plus fréquemment victimes d’accidents du travail. Ce n’est pas acceptable », soulignait-il.
Intensification et rationalisation
Trente ans plus tard, les inégalités sociales de santé se sont aggravées. Si les accidents du travail ont fortement décru, les maladies professionnelles, elles, ont nettement augmenté avec une explosion des troubles musculosquelettiques (TMS) et des risques psychosociaux (RPS).
A l’origine de ces fléaux des temps modernes : l’intensification et la rationalisation du travail poussés à l’excès. S’y ajoutent des modes d’organisation et de management qui ne permettent pas toujours aux salariés de faire un travail de qualité, de se reconnaitre dans ce qu’ils font et d’en éprouver de la fierté. Devoir toujours se dépêcher, être fréquemment obligé d’interrompre une tâche pour en entreprendre une autre plus urgente, éprouver le sentiment de perte de sens du travail constituent des caractéristiques régulièrement pointées dans les enquêtes nationales sur les conditions de travail.
D’autre part, les facteurs de pénibilité physique sont loin d’être éradiqués. Le port de charge lourde, les postures pénibles, les gestes répétitifs sous contrainte de temps, le travail de nuit, de même que les expositions aux nuisances sonores, à la chaleur, aux produits chimiques cancérogènes, mutagènes ou reprotoxiques (CMR) restent à des niveaux élevés et relativement constants. Et par les traces durables qu’ils laissent à long terme sur le corps et la santé, ils compromettent le maintien en emploi, notamment à la fin de la carrière professionnelle.
La santé au travail, un sujet d’actualité
En revanche, depuis trente ans, une chose a changé positivement. La santé au travail s’est imposée dans l’opinion publique et dans les médias. L’affaire de l’amiante, le harcèlement moral et les vagues de suicides dans de grandes entreprises – France Télécom, Renault, La Poste, EDF… – ont été largement médiatisées, entraînant une prise de conscience : le poids des conditions de travail sur la santé et sur la qualité de vie. Référence dans ce domaine, Santé & Travail a contribué à ce mouvement d’opinion. Car nous nous sommes appliqués à faire vivre le débat, à valoriser les connaissances auprès de nos confrères et, bien évidemment, auprès des acteurs de la prévention des risques professionnels.
Aussi, difficile de laisser passer ces trente ans d’engagement sans fêter l’événement. Un calme relatif étant revenu sur le front de l’épidémie de Covid, nous organisons un débat avec les partenaires sociaux sur deux sujets déterminants :
« Un travail soutenable tout au long de la vie professionnelle, c’est possible ? »
« Quel dialogue social pour la santé au travail ? »
Ces tables rondes seront introduites par deux experts : Catherine Delgoulet, professeur d’ergonomie au Conservatoire national des arts et métiers (Cnam) et Bernard Dugué, maître de conférences en ergonomie à l’université de Bordeaux. Ensuite, ce sera à Laurent Berger (CFDT), Catherine Péret (CGT), Yves Veyrier (FO), François Hommeril (CFE-CGC), Laurent Lescure (Unsa), Benoît Teste (FSU), Eric Chevée (CPME), Hugues Vidor (Udes), Michel Chassang (U2P) et Jean-François Pilliard (membre du comité d’évaluation des ordonnances travail, ex-responsable du Medef) de débattre, sous la houlette de Sandrine Foulon du magazine Alternatives économiques et de François Desriaux du magazine Santé & Travail.
Il ne vous reste plus qu’à vous inscrire à l’aide du QR code de l’annonce en photo. On sera très heureux de vous retrouver !