Les 4 x 8, plutôt que la fermeture ?
Les 4 x 8, plutôt que la fermeture ? C'est un choix que la CGT de Goodyear Amiens-Nord a refusé. Cela lui vaut d'être jugée en partie responsable des plans sociaux annoncés par la direction. Elle aurait eu, disent ses détracteurs, le tort de s'opposer en 2008 à une réorganisation qui impliquait la mise en place de quatre équipes alternantes. De ce blocage découleraient, selon la direction, une moindre performance de l'usine et, à présent, la menace du chômage.
Ce débat - en gros, arbitrer entre santé et emploi - est compliqué, douloureux et nécessaire. Il implique les syndicats et les salariés concernés. Mais aussi, par exemple, ceux de Dunlop, l'usine voisine appartenant au même groupe, où cette réorganisation a été acceptée. Parmi ces acteurs, certains estiment a posteriori que, si les 4 x 8 dégradent les conditions de vie, mieux valait cela que les licenciements. Le syndicat incriminé réplique que le refus des 4 x 8 sert de prétexte, que la direction n'investit plus dans l'usine depuis longtemps et que le sacrifice de la qualité de vie n'aurait rien rapporté.
Mais voilà que d'autres s'en mêlent. Ténors de partis politiques, éditorialistes en vue, experts en tous genres, pour ceux-là l'occasion est belle d'en appeler à la "flexibilité", à la "modernité", en laissant entendre que, ma foi, les 4 x 8, il n'y a pas de quoi en faire un drame. On a vite fait de comprendre que ces maîtres à penser ont du travail ouvrier une vision floue, des équipes alternantes aussi, et a fortiori des 4 x 8, qu'ils situent entre trois et cinq équipes, sans même savoir qu'il est pire que ces deux autres systèmes. Comme tout horaire alternant avec périodes de nuit, ils peuvent détériorer gravement la santé à long terme. Par rapport aux 3 x 8, ils ruinent davantage la vie familiale et sociale en confisquant la plupart des week-ends. Et ils laissent moins de possibilités de repos qu'avec cinq équipes, évidemment. A ceux qui préfèrent négliger tout cela, on peut suggérer une contribution utile à ce débat : qu'ils s'abstiennent d'y participer.