" A 45 ans, on est déjà fichu "
Dans les secteurs peu rémunérateurs, souvent guère exigeants sur les qualifications professionnelles, le constat des syndicalistes est le même : les salariés se tuent à la tâche pour gagner un peu plus d'argent, sans perspective de reclassement une fois leur santé dégradée. " A 45 ans, on est déjà fichu ", résume Nadine, aide-soignante dans le secteur du maintien à domicile. Entre les troubles musculo-squelettiques (TMS), le stress de courir d'une intervention à une autre, la culpabilité de devoir effectuer des tâches comme coucher une personne malade en quinze minutes, ces femmes s'épuisent.
Le constat n'est guère différent dans le secteur de la grande distribution, où celles qui tombent malades en raison de leur travail n'ont pas d'autre choix que de s'inscrire comme demandeur d'emploi. " Quelle perspective d'avenir pour une caissière malade de son travail qui n'a jamais eu accès à des formations qualifiantes ", se désole Alexandre Torgomian, responsable du syndicat CFDT du commerce pour l'Ile-de-France. " Le reclassement pour un salarié inapte, c'est directement à Pôle emploi ", ajoute Carlos Sleman-Michalon, conseiller prud'homal CFDT. Ancien adjoint dans un magasin de hard discount, il dit souffrir depuis des années de TMS professionnels qui l'ont rendu inapte à son poste. " Quatre procédures de licenciement ont été entamées à mon encontre, à chaque fois refusées par l'Inspection du travail ", précise-t-il. Dorothée Ramaut, médecin du travail dans la grande distribution, confirme que les salariés n'hésitent plus aujourd'hui à cacher leurs pathologies professionnelles, par peur de perdre leur emploi.