A parcours précaire, travail nocif
L'analyse chiffrée des liens entre précarité du travail et santé aboutit souvent à ce double résultat : à court terme, ces liens sont positifs, car les salariés en CDD ou intérim sont choisis, entre autres, selon leur santé. Mais à long terme, la précarité produit des dégâts et les liens deviennent négatifs. Dans Dares Analyses (no 2, janvier 2018), Corinne Mette cherche à savoir si ce second lien passerait par de moins bonnes conditions de travail - hors précarité. Elle se sert d'une typologie des parcours, que l'enquête nationale Conditions de travail permet de bâtir : parcours "stables", "dynamiques" ou "précaires", ces derniers étant caractérisés par "des périodes de chômage et d'inactivité de longue durée, des carrières descendantes et des changements d'emploi assez fréquents".
Des différences fortes apparaissent : les hommes à parcours précaire, comparativement à ceux ayant un parcours stable, ont 2,5 fois plus de probabilités d'avoir subi une agression dans l'année, 50 % de plus de juger leurs compétences sous-utilisées, 40 % de s'ennuyer au travail, 34 % de faire des mouvements douloureux, 36 % d'être au contact de produits dangereux. Les femmes à parcours précaire, elles, ont 40 % de probabilité supplémentaire d'avoir vécu une agression, 78 % d'avoir reçu des propositions sexuelles insistantes, 20 % de se sentir exploitées, 16 % de vivre des conflits de valeur. Conclusion de l'auteure : "Les effets négatifs du chômage et des conditions de travail difficiles s'amplifient ainsi mutuellement."