A la SNCF aussi ?

par Clotilde de Gastines / janvier 2016

Suite à des témoignages récurrents d'agents de la SNCF, les syndicalistes de la mission " parafoudres " du CHSCT de l'unité d'intervention Auvergne d'Orange ont mené des " excursions " sur les voies de chemin de fer désaffectées du Cantal et de l'Allier. Et ils ont fait plusieurs trouvailles. Sur la ligne Aurillac-Bort-les-Orgues, près de l'ancienne gare SNCF de Loupiac, Franck Refouvelet, membre du CHSCT auvergnat et véritable expert du sujet, a découvert un coffret non sécurisé avec 12 parafoudres radioactifs. Et d'autres encore sur des passages à niveau à Drugeac, ainsi que sur l'ancienne ligne Montluçon-Moulins. A Anglards-de-Salers, où la voie ferrée a été transformée en piste cyclable, une ancienne guérite abandonnée en fibrociment amianté, ouverte à tous les vents, présente des supports de parafoudres vides.

Ces découvertes ne sont pas étonnantes, car la SNCF a longtemps disposé de son propre réseau téléphonique, installé le long des voies ferrées. Aujourd'hui encore, des opérateurs de téléphonie sont chargés de la surveillance, de l'entretien et de la modernisation des installations de téléphonie ferroviaire entre les gares et avec les trains. Plusieurs personnes rencontrées par Eric Vinguier (CGT) en Languedoc-Roussillon assurent travailler avec une nouvelle génération de parasurtenseurs. " Le réseau a été très vite modernisé en filaire souterrain, puis en fibre par l'intervention d'un tas de sociétés ", explique-t-il, mais il peut rester des parafoudres radioactifs sur le réseau désaffecté.

Mobiliser les CHSCT. Pour y voir plus clair, Bernard Bouché, de l'union syndicale Solidaires, s'est emparé du sujet. Il projette d'interroger les agents travaillant sur des petites lignes, désaffectées ou non, de se renseigner auprès des retraités qui ont pu manipuler ces parafoudres radioactifs dans les années 1970 et, enfin, de recenser les cas de cancers qui paraîtraient atypiques chez les anciens opérateurs de téléphonie. Sud-Rail prévoit de mobiliser les CHSCT et interrogera la direction à l'issue de cette phase d'enquête.

Si la SNCF a détenu ces sources radioactives, elle n'a " jamais " demandé l'autorisation de détention à l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), pourtant obligatoire depuis 2002, affirme Sophie Fournet, responsable du dossier " parafoudres " à l'ASN. De son côté, l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) a été sollicitée pour la collecte de plaques de signalisation, mais pas pour celle de ces parafoudres. Reste à savoir si ces derniers ont été jetés comme de simples déchets lors de la modernisation des lignes et à qui il appartient aujourd'hui de les retirer des lignes désaffectées.

Enfin, selon nos informations, il semble qu'à Météo France, des démarches aient été entreprises auprès de l'Andra pour évacuer des parafoudres radioactifs au tritium.