Les agents du ministère du Travail en souffrance
Réunis en assises nationales par plusieurs de leurs syndicats, les agents du ministère du Travail ont dénoncé, entre autres, les effets sur leur santé des nouveaux modes d'organisation et d'évaluation de leur activité.
Les assises nationales du ministère du Travail, de l'Emploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social, organisées les 21 et 22 novembre dernier par les syndicats CGT, Sud, FO et FSU, ont rassemblé quelque 500 agents du ministère, inspecteurs et contrôleurs notamment. Conclues sur l'adoption d'une série de motions concernant les missions de service public et la protection des salariés, elles ont aussi abordé les questions de conditions de travail des agents.
Deux suicides en deux ans
Les participants ont ainsi dénoncé l'intensification de la charge de travail liée à l'insuffisance des effectifs en section d'inspection, avant même la suppression de 143 postes prévue en 2013. La "politique du chiffre" ayant cours au sein du ministère, source de tensions, a été vivement critiquée, de même que les entretiens d'évaluation mis en place ces dernières années. "Les agents de contrôle sont censés assurer 180 interventions par an et les entretiens d'évaluation mettent la pression pour atteindre ces objectifs, sans souci de la qualité du travail", s'indigne Florence Barret-Boutet, de FO. Pour elle, ces pratiques mettent les collègues en concurrence et aboutissent à casser les collectifs de travail et à réduire l'entraide au sein des services.
Face à la souffrance au travail ressentie par les agents, Loïc Abrassard, de Sud Travail, réclame la mise en place d'une véritable politique de prévention des risques psychosociaux au sein du ministère. Tous les syndicats rappellent que deux inspecteurs du travail se sont suicidés au cours des deux dernières années, l'un sur son lieu de travail, l'autre après une première tentative. Mais, dénoncent-ils, il aura fallu une forte mobilisation pour que ces gestes soient reconnus comme accidents de service.
La santé et la sécurité des agents sont également mises en danger par les conditions d'exercice de leur métier sur le terrain. D'où la demande qu'ils puissent disposer de véhicules entretenus et d'équipements de protection individuelle pour les visites de chantier. Sud Travail appelle aussi à une mise en oeuvre systématique du tiers-temps pour les médecins de prévention et revendique des prérogatives accrues pour les CHSCT. Les causes du malaise ressenti par les agents ne sont pas inconnues de l'administration centrale. Elles ont été exprimées par ceux-ci dans des cahiers de doléances et lors d'une récente avalanche de courriels sur la messagerie du ministère. "Une libération de la parole et un gigantesque pied de nez à la hiérarchie qui ne communique plus que par mail", résume Loïc Abrassard.