Alerte sur les conteneurs de fret

par Frédéric Lavignette / janvier 2015

"Le pire est peut-être à venir !", s'est exclamé un intervenant lors du colloque international sur les gaz et vapeurs toxiques dans les conteneurs, organisé par la CGT le 18 novembre, à Montreuil (93). Et d'ajouter : "Tout est en place pour qu'on connaisse un taux de mortalité équivalent à celui des travailleurs de l'amiante."

De fait, la chaîne des métiers intervenant sur les 90 000 conteneurs de fret qui transitent par les ports français est longue et variée. Les marins en sont le premier maillon, suivis des douaniers qui inspectent leur contenu et des travailleurs des zones portuaires qui déchargent les marchandises, les entreposent et les répartissent dans le cadre de la logistique. Puis viennent les chauffeurs routiers, qui les acheminent jusqu'à nos commerces, où des employés les déballent.

Gaz nocifs. L'autre longue liste est celle des gaz susceptibles d'entrer en contact avec les travailleurs : on y trouve des toxiques - comme le bromométhane, le fluorure de sulfuryle, la phosphine, la chloropicrine et le toluène - et des cancérogènes - comme le formaldéhyde, le benzène ou le dichloroéthane. Certains gaz proviennent de la fumigation du chargement, afin de le préserver des insectes invasifs et autres nuisibles. L'usage de pesticides doit normalement être signalé sur le conteneur, dès le point de départ. Autre type de gaz : ceux dégagés par les marchandises elles-mêmes, du fait des solvants, vernis, colles, résines, peintures et PVC utilisés pour leur fabrication ou leur nettoyage. Faute de renseignements précis sur ces produits, aucune signalétique n'est prévue sur le conteneur.

Des cas de troubles respiratoires et digestifs, de paralysies, de maladies dégénératives et de cancers précoces commencent à s'accumuler chez les salariés concernés. Les syndicats de dockers du Havre et ceux des douaniers sont parvenus à obtenir l'application de procédures préventives : mise en retrait des salariés à l'ouverture des portes du conteneur, ventilation de celui-ci pendant 30 minutes avant d'y pénétrer, port éventuel d'un masque à cartouche. Des précautions jugées insuffisantes, comparées à celles déjà adoptées aux Pays-Bas, en Allemagne et en Belgique. En l'absence de réglementation internationale interdisant les produits incriminés, réclamée par plusieurs des participants au colloque, le port d'une combinaison intégrale semble être une des solutions les plus adaptées... mais c'est aussi la moins confortable pour effectuer un déchargement.