Alertes sur les risques de l’ère numérique
La Fondation européenne pour l’amélioration des conditions de vie et de travail (Eurofound) a publié, le 15 décembre dernier, un rapport de 34 pages consacré aux impacts, sur le travail et l’emploi, de la numérisation et de l’automatisation de l’activité, ou encore du développement des plateformes de services.
Avec la numérisation des outils de production, remarque le document, les employeurs collectent des données sur les performances de leurs salariés, y compris hors des locaux de l’entreprise. Dans le contexte de la pandémie de Covid-19, la surveillance numérique des employés a ainsi vivement augmenté. Or, rappelle Eurofound, « la surveillance intensive a des implications négatives pour les travailleurs, car elle inhibe la créativité et la pensée indépendante, limite l’autonomie, induit du stress et érode la confiance dans la direction ».
Dans le cas du travail à distance, les recherches ont aussi montré que la numérisation pouvait entraîner des horaires de travail longs, une connectivité constante brouillant les frontières entre temps privé et temps de travail, une surcharge de travail et une augmentation de la pression. Selon le rapport, ces facteurs de risques physiques et psychosociaux nécessitent que les réglementations actuelles en matière de santé et de sécurité soient réexaminées et que les organismes de contrôle, tels que les inspections du travail, accordent une attention accrue à ces dangers.
Du côté de l’automatisation, des données sont aussi collectées sur les lieux de travail. Cela peut également générer chez les opérateurs un sentiment de surveillance constante, de perte d’autonomie, de défiance des employeurs, et une altération de la confiance mutuelle. « Des risques psychosociaux peuvent apparaître sous la forme d’un stress accru », souligne le rapport. Les risques d’accidents ne sont pas non plus exclus, notamment lorsque l’information et la formation sont insuffisantes pour travailler avec ces nouvelles technologies. De plus, ces dernières sont susceptibles d’entraîner l’adoption d’organisations en flux tendus, avec un fonctionnement 24 heures sur 24 ou 7 jours sur 7 dans les cas les plus extrêmes. Ce qui se traduirait par un développement du travail de nuit ou posté.
Enfin, concernant les plateformes, le cœur de l’activité repose en garde part sur des algorithmes, ces derniers déterminant l’exécution des tâches, les performances, la gestion du temps de travail ou encore la rémunération. « Cela peut être un problème si les algorithmes sont sous-optimaux, s’ils agissent au désavantage des travailleurs ou s’ils ne sont pas transparents », remarque le rapport. Les plus défavorisés peuvent se retrouver en difficulté pour défendre leurs droits, s’ils se sentent injustement traités.