"Amoindrir les effets des décalages physiologiques et sociaux"

par Béatrice Barthe maîtresse de conférences en ergonomie (université Toulouse-Jean-Jaurès) / juillet 2016

"Comme le montre l'évaluation des risques sanitaires, le travail de nuit pèse sur la santé. Mais de nombreux facteurs amplifient ou réduisent ses effets : c'est ce que nous avons appelé des "modulateurs". Le contexte de travail, tout d'abord. Les situations sont différentes la nuit : moins d'effectifs, moins de hiérarchie, services support absents... Cela favorise la prise de responsabilité, qui peut être aussi bien valorisante que pathogène. Ensuite, la nature du travail : les salariés en poste de nuit cumulent souvent d'autres contraintes horaires, tels que les horaires alternants, irréguliers, longs, mais aussi d'autres pénibilités, elles aussi facteurs de risque pour la santé. Enfin, les régulations mises en place par les salariés pour réaliser les tâches et tenir, par exemple les collaborations, qui sont une ressource pour maintenir la vigilance : échanges pour se tenir éveillé, tâches en binôme, prises de repos alternées... En termes de prévention, il existe tout un panel de pratiques. Elles visent à amoindrir les effets des décalages physiologiques, sociaux et familiaux induits par ces horaires et à prendre en compte les spécificités du travail. Les études montrent le bien-fondé de certaines d'entre elles."