Après la catastrophe de Tianjin
Le bilan provisoire des explosions qui ont dévasté le 12 août un site industriel de la ville de Tianjin, en Chine, est de 158 morts, 34 disparus et plus de 500 blessés. 85 pompiers ont péri en tentant d'éteindre, avec de l'eau, le feu alimenté par 700 tonnes de cyanure de sodium. Cette poudre, ingérée ou appliquée contre la peau, peut être mortelle et se transformer en cyanure d'hydrogène, un gaz létal à faible dose.
Les accidents de grande ampleur sont fréquents en Chine. Les entreprises méprisent souvent les réglementations et la corruption endémique leur permet d'échapper aux rares contrôles, selon les associations. Ainsi, une explosion dans un atelier de feux d'artifices a tué 15 personnes début juillet. Une autre, en août 2014, dans une usine de pièces détachées, a fait 146 morts...
"Dans chaque cas, on relève des infractions claires aux règles élémentaires : des portes coupe-feu fermées à clé, pas d'issues de secours et beaucoup d'employés n'ayant jamais reçu de formation à la sécurité. Clairement, il n'y a pas de culture de la sécurité sur les lieux de travail en Chine", dénonce Geoffrey Crothall, porte-parole de l'association de défense des travailleurs chinois China Labour Bulletin, basée à Hongkong.
Concernant Tianjin, la Chine dispose certes d'une réglementation spéciale pour la gestion de la sécurité des produits chimiques toxiques, mais sa mise en oeuvre est difficile, estime Cheng Qian, une experte de Greenpeace. Selon elle, le pays a besoin de politiques plus strictes. Après Tianjin, même les médias officiels s'interrogent : "Dans une zone de travail animée et moderne d'apparence normale, des explosifs d'une puissance équivalente à des dizaines de tonnes de TNT peuvent être stockés, risquant d'exploser à la première erreur humaine", s'est ainsi indigné le Global Times.