Arrêts maladie : où est le scandale ?
" Il n'est pas normal de constater une évolution de 6,7 % des arrêts de travail. Il y en a trop. " Pour Eric Woerth, le ministre du Budget, ce n'est qu'un problème d'objectif à tenir. Il n'y a pas lieu de s'interroger. Habituellement, en période de crise, le nombre des arrêts maladie baisse. Il faut donc désigner des coupables : les médecins prescripteurs et les salariés fraudeurs.
Pourtant, dans les PME et TPE des secteurs de la production industrielle et du BTP, la réalité est un peu différente. Salariés et employeurs utilisent les périodes de moindre activité... pour réparer les corps-outils usés par le travail. Il n'est plus possible d'attendre une retraite de plus en plus lointaine, il n'y a plus guère d'espoir de voir aboutir une hypothétique négociation sur la pénibilité. Il reste donc le recours aux soins déjà trop longtemps différés : le congé maladie est intégré dans l'organisation du travail, la trésorerie de l'entreprise est soulagée.
Or les soins relatifs aux toujours plus nombreux troubles musculo-squelettiques génèrent des arrêts de travail prolongés. Le nombre de salariés soumis à des horaires atypiques augmente, avec des conséquences sur la santé que l'arrêt de travail-traitement permet d'atténuer temporairement.
Le dispositif visant à suspendre les indemnités journalières sur le seul avis du médecin mandaté par l'employeur, expérimenté dans dix départements, a été peu utilisé par les entreprises. Quelques salariés absents ? Tant mieux, pas besoin de recourir au chômage technique, si anxiogène ! Via les arrêts maladie, la Sécurité sociale ne fait que financer des soins et de la prévention. Où est le scandale ?