Barbie ne croit plus au Père Mattel
Combien de petites filles se sont précipitées, le 25 décembre, sous le sapin couvert de guirlandes pour découvrir, enfin, la plus célèbre des poupées "avec sa robe de princesse" ? Elles l'avaient placée en tête de leur liste au Père Noël et, depuis plusieurs nuits, leurs rêves étaient emplis de sa chevelure blonde et de ses habits scintillants.
Très à l'est, dans la province du Guandong, en Chine, combien de jeunes ouvrières et ouvriers, parfois mineurs, ont fabriqué des dizaines de milliers de Barbie et de Ken dans des conditions de vie et de travail épouvantables ?
Eux, ils ne croient plus au Père Noël depuis longtemps. Ils rêvent juste d'avoir, un jour, un peu d'eau chaude dans le dortoir où ils s'entassent. Leur liste de revendications est plus longue que la liste de commande au bonhomme rouge des enfants. Déjà, il faudrait que les travailleuses et les travailleurs de ces usines bénéficient d'équipements de protection individuelle adaptés pour les protéger efficacement des produits chimiques toxiques utilisés, comme le benzène. Sans parler des 35 degrés de leurs ateliers en tôle, où ils suffoquent. Avec les émanations de colles ou de colorants, les nouveaux embauchés ont souvent la nausée.
La liste est longue aussi des violations des droits fondamentaux ou éthiques observées par les enquêteurs de l'ONG China Labor Watch en 2012, dans les usines des sous-traitants de Mattel, le leader mondial du jouet. Le "père" de Barbie est parfaitement informé de cette situation. Il en est complice, peut-on lire dans le rapport accablant dressé par l'ONG.
En France, l'ONG Peuples solidaires a lancé sa campagne "Chine : libérons Barbie" afin de faire pression sur Mattel pour qu'enfin il ne joue plus avec la vie des ouvriers chinois.