Boomerang

par
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Quentin Durand-Moreau Médecin du travail, professeur adjoint à l’université d’Alberta (Edmonton, Canada)
/ octobre 2020

C’en est bien fini de gérer la pandémie de Covid-19 « quoi qu’il en coûte ». Pour l’exécutif, il est temps que les Français se remettent au boulot ! Plus question donc de supprimer le jour de carence dans la fonction publique ou bien d’octroyer des congés pour enfant malade si un des parents est en mesure de télétravailler. Les arguments économiques pèsent sans doute dans ces choix stratégiques mais il n’est pas sûr qu’ils soient pertinents en reprise d’épidémie. Rappelons-nous que la Suède, qui n’a pas appliqué de confinement, ne bénéficie pas de performances économiques supérieures à ses voisins scandinaves qui, eux, ont confiné. Par ailleurs, si les clusters se multiplient en entreprise, il y aura un coût en termes d’arrêts de travail, voire d’arrêt de l’activité comme nous l’avons observé dans la restauration cet été. En revanche, il apparaît évident qu’une reprise rapide sans garanties pour la santé au travail va davantage exposer les travailleuses et travailleurs les plus précaires. Les cadres peuvent plus facilement passer en télétravail que les ouvriers. Les employés sont ceux ayant le plus de contacts rapprochés avec le public. L’économie et les entreprises n’existent pas indépendamment des gens. S’ils ne sont pas en sécurité à leur poste, s’ils ne sont pas assurés d’un revenu pour s’isoler dès que nécessaire, c’est bien cette économie que l’on prétend sauver qui sera vite impactée. Effet boomerang garanti !