Cambodge : la révolte des ouvrières du textile
Une femme a été tuée par balles le 12 novembre à Phnom Penh, au Cambodge, en marge d'une manifestation d'ouvriers du textile qui réclamaient une revalorisation de leurs salaires et de meilleures conditions de travail. "Ma mère a reçu une balle en pleine poitrine alors qu'elle vendait du riz au bord de la route", a témoigné sa fille, Vong Voleak. Les policiers anti-émeute ont utilisé des balles réelles pour empêcher un millier d'ouvrières de la société SL Garment Processing - qui fournit les marques Gap et H&M - de marcher en direction de la résidence du Premier ministre, Hun Sen. Dans une étude publiée en juillet dernier, l'Organisation internationale du travail (OIT) constatait une dégradation des conditions de travail des ouvriers cambodgiens depuis deux ans, après une amélioration entre 2005 et 2011. Le Cambodge a échoué à faire des progrès dans des domaines comme la sécurité, la prévention des incendies et le travail des enfants, précisait l'OIT.
Le secteur textile, vital pour l'économie cambodgienne, emploie quelque 650 000 ouvriers, des femmes en majorité, dont 400 000 pour les sociétés exportatrices. Cet été, les ouvriers de SL Garment Processing avaient cessé de travailler après une visite d'inspection menée par un responsable flanqué de policiers armés, une mesure destinée à intimider les travailleurs, selon les syndicats. Environ 4 000 d'entre eux avaient alors défilé pour protester. Depuis, les manifestations se sont succédé pour dénoncer les conditions de travail, les syndicats se plaignant notamment d'évanouissements attribués à la sous-alimentation et au surmenage. Les ouvrières travaillent jusqu'à 15 heures par jour, parfois 7 jours sur 7. A ces cadences s'ajoute l'exposition à des produits toxiques. Le géant suédois de la mode H&M a attribué ces fréquentes pertes de connaissance à "un phénomène d'hystérie de masse". L'ONG Collectif éthique sur l'étiquette (ESE) dénonce "un cynisme désastreux"