Les cancers du travail de nuit
Cécile. Comme les tempêtes, elle porte un prénom et pourrait elle aussi annoncer des ravages. Cette étude épidémiologique, publiée en juin 2012 par Pascal Guénel et son équipe de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), montre que le risque de survenue d'un cancer du sein chez les femmes qui ont travaillé en horaire de nuit augmente d'environ 30 %. Le risque est plus élevé lorsque les femmes ont travaillé jeunes en horaire posté, notamment avant leur première grossesse. Ces travaux viennent confirmer les résultats d'autres études et confortent le classement, en 2010, du travail de nuit comme "probablement cancérogène" par le Centre international de recherche sur le cancer (Circ).
Pourtant, il ne semble pas que, depuis, des dispositions particulières aient été prises pour limiter le recours au travail de nuit. Au contraire, les chiffres publiés cet été par le ministère du Travail indiquent que le nombre de personnes travaillant occasionnellement ou habituellement la nuit a nettement augmenté (1 million de plus qu'en 1991) et que le nombre de femmes concernées a doublé en vingt ans (voir l'article page 19). "Si le travail de nuit continue d'augmenter et que le lien avec le cancer est confirmé, il pourrait être responsable d'un nombre élevé de cancers du sein et devenir un problème important de santé publique", prévient Pascal Guénel. D'autant que d'autres travaux tendent à montrer que le cancer de la prostate et celui du poumon, de même que certains lymphomes, pourraient être liés, eux aussi, au travail de nuit.