Des chiffres et des questions
En comparant les données chiffrées sur les conditions de travail des hommes et des femmes, on peut d'abord repérer des ressemblances qui rappellent leur appartenance commune à la population salariée d'aujourd'hui : chez les unes comme chez les autres, 1 sur 10 a eu un accident du travail dans l'année ; 1 sur 5 éprouve toujours ou souvent l'impression d'être exploité ; 1 sur 5 manque d'aide de ses collègues, et 1 sur 3 de sa hiérarchie. On note en revanche dans plusieurs domaines des écarts importants, témoins de la répartition "genrée" des heures de travail et des métiers : les hommes sont nettement plus nombreux que les femmes à travailler 45 heures et plus (respectivement 21 % et 10 %), à effectuer habituellement des heures de nuit (9 %, contre 4 %), à être exposés aux vibrations (28 %, contre 6 %) ou à suivre la cadence d'une machine (10 %, contre 4 %). Les femmes, elles, connaissent davantage les travaux répétitifs (46 %, contre 38 %) et le contact avec des populations en détresse (54 %, contre 38 %). Plus inattendus, de nets écarts sont constatés au sein d'une même catégorie sociale. On peut se demander pourquoi 11 % des employés, mais seulement 2 % des employées, ont pour tâche principale de superviser le travail d'autres salariés ; pourquoi 53 % des ouvriers, pour 32 % des ouvrières, disent mettre toujours leurs propres idées en pratique ; ou pourquoi, chez les cadres, 52 % des femmes sont venues une fois au moins dans l'année travailler en étant malades, contre 32 % des hommes. Eh bien, en effet : pourquoi ?