Des chiffres et des questions

par Serge Volkoff / juillet 2019

En comparant les données chiffrées sur les conditions de travail des hommes et des femmes, on peut d'abord repérer des ressemblances qui rappellent leur appartenance commune à la population salariée d'aujourd'hui : chez les unes comme chez les autres, 1 sur 10 a eu un accident du travail dans l'année ; 1 sur 5 éprouve toujours ou souvent l'impression d'être exploité ; 1 sur 5 manque d'aide de ses collègues, et 1 sur 3 de sa hiérarchie. On note en revanche dans plusieurs domaines des écarts importants, témoins de la répartition "genrée" des heures de travail et des métiers : les hommes sont nettement plus nombreux que les femmes à travailler 45 heures et plus (respectivement 21 % et 10 %), à effectuer habituellement des heures de nuit (9 %, contre 4 %), à être exposés aux vibrations (28 %, contre 6 %) ou à suivre la cadence d'une machine (10 %, contre 4 %). Les femmes, elles, connaissent davantage les travaux répétitifs (46 %, contre 38 %) et le contact avec des populations en détresse (54 %, contre 38 %). Plus inattendus, de nets écarts sont constatés au sein d'une même catégorie sociale. On peut se demander pourquoi 11 % des employés, mais seulement 2 % des employées, ont pour tâche principale de superviser le travail d'autres salariés ; pourquoi 53 % des ouvriers, pour 32 % des ouvrières, disent mettre toujours leurs propres idées en pratique ; ou pourquoi, chez les cadres, 52 % des femmes sont venues une fois au moins dans l'année travailler en étant malades, contre 32 % des hommes. Eh bien, en effet : pourquoi ?