Le clap de fin pour Sumer ?
L'enquête française Sumer est inédite dans le monde. Ses données sont des outils précieux pour les préventeurs, les médecins du travail et les partenaires sociaux. La première cartographie des expositions des salariés aux principaux risques professionnels remonte à 1987, mais le protocole a été amélioré afin que la qualité scientifique ne puisse être contestée. "Les organisations patronales gestionnaires des services de santé au travail étaient particulièrement virulentes dans leurs critiques", se souvient Marie-France Cristofari, économiste et statisticienne, qui a coanimé, au début des années 1990, les groupes de travail sur la méthodologie de Sumer. En dépit de l'intérêt des médecins du travail pour cette représentation des risques professionnels, le nombre de praticiens ayant participé à la dernière collecte de données a chuté de moitié par rapport à l'édition précédente. Deux études sociologiques expliquent les ressorts de cette désaffection : d'un côté, les réformes successives qui ont bouleversé l'organisation du travail des médecins ; de l'autre, la crise de la démographie médicale. "Nous envisageons de revoir le mode de collecte, afin que celle-ci soit intégrée au fonctionnement des services de santé au travail", précise Thomas Coutrot. La question se pose en effet aujourd'hui : l'enquête pourra-t-elle être reconduite dans les prochaines années ?