La coopérative des rescapés du Rana Plaza

octobre 2015

Deux mois après l'effondrement du Rana Plaza, deux travailleurs sociaux, un ouvrier du textile et un homme d'affaires décident de montrer que le Bangladesh peut travailler autrement. Ils veulent aussi offrir un avenir aux rescapés. Ils rassemblent alors six survivantes, cinq machines à coudre et créent, grâce aux dons de particuliers et d'ONG, la coopérative Oporajeo. Un an après, celle-ci compte plus de 30 travailleurs qui, en plus de leur salaire, se partagent à parts égales 75 % des bénéfices. Les 25 % restants seront employés à la construction d'une école primaire gratuite pour les enfants des ouvriers du textile.

Nouveau coup du sort en mars dernier : un incendie ravage l'usine, 19 000 sacs fabriqués pour un client suisse sont détruits. Peu avant, une mafia locale avait demandé de l'argent à l'équipe d'Oporajeo, qui avait refusé. Les exportations sont annulées, les effectifs réduits et transférés dans les locaux de l'école. Une dizaine d'ouvrières y fabriquent aujourd'hui des sacs en jute pour le marché local et des tee-shirts pour une entreprise berlinoise. Mais les commandes se font plus rares. Pour autant, les jeunes femmes continuent à venir tous les jours. Il en va de leur survie psychique : "Dès que je suis seule, le problème recommence dans ma tête. Au moins, ici, nous sommes ensemble", dit ainsi Mili, 24 ans. Et puis, les enfants jouent dans la cour, "c'est bon pour guérir".