Les coulisses d'une campagne télé
Des articulations qui crient leur douleur... Non, vous ne rêvez pas ! C'est le message que vous pourrez voir à la télévision, ou découvrir dans la presse à partir du 9 avril. Il s'agit de la campagne d'information sur les TMS annoncée en octobre dernier par Xavier Bertrand, ministre du Travail, à l'issue de la conférence nationale sur les conditions de travail. Elaborée par l'agence de communication Lowe Stratéus, elle met en scène une caissière, un ouvrier du bâtiment ou encore un employé de l'agroalimentaire. Coût prévu : entre 11 et 12 millions d'euros sur trois ans. " C'est la première fois que les pouvoirs publics lancent une telle campagne d'information sur le thème d'une maladie professionnelle ", se félicite Laurent Setton, délégué à l'information et à la communication pour le ministère du Travail et des Relations sociales et celui de la Santé.
Faire du bruit. " Les TMS, parlons-en pour les faire reculer ", c'est le slogan finalement retenu par le ministère. Non sans mal. En off, plusieurs experts des TMS ne cachent pas les difficultés qu'ils ont rencontrées pour convaincre les " communicants " de faire passer le message de la prévention. " Au départ, il n'y avait pas de véritable stratégie, rien sur la cible, rien sur l'objectif, rien sur le contenu. On avait l'impression qu'il fallait juste faire du bruit pour montrer que le ministère faisait quelque chose ", confie un expert sous couvert d'anonymat. " C'était complexe, admet Laurent Setton, mais c'est le lot de tout travail collectif et il y a eu un vrai partenariat entre les services de l'Etat et les institutions de prévention pour monter cette campagne ", insiste-t-il. " De fait, commente un autre expert, il y avait une véritable dichotomie entre ceux qui voulaient une campagne grand public et ceux qui redoutaient que cela ne fasse exploser encore davantage le nombre de déclarations de maladies professionnelles. " Face aux premiers slogans, qui ciblaient les douleurs et incitaient à consulter un médecin, le directeur des Risques professionnels de la Caisse nationale d'assurance maladie, Stéphane Seiller, est monté au créneau pour rappeler qu'il ne souhaitait pas " déclencher ou légitimer des déclarations sur le tableau 57 ", peut-on lire dans un courriel adressé au comité de pilotage dont Santé & Travail a eu connaissance.
Enfin, il y avait les expressions taboues. " Les TMS, travaillons à les prévenir ! " plaisait bien aux experts... mais risquait de " cogner ", selon les communicants, avec la campagne présidentielle sur la revalorisation du travail... Difficile de plaire à tout le monde !