Les cytostatiques : des médicaments dangereux
« Nous avons trente ans de littérature scientifique, et de plus en plus de preuves que les médicaments cytostatiques présentent une grande dangerosité pour la santé des travailleurs et travailleuses qui les manipulent sans précaution », résume Tony Musu, docteur en chimie et chercheur au sein de l’Institut syndical européen (Etui). Plusieurs sont reconnus cancérogènes ou probablement cancérogènes pour l’humain par le Centre international de recherche sur le cancer, comme le cyclophosphamide utilisé dans le traitement de nombreux cancers (sein, ovaires, leucémie, poumon, etc.). « Il existe de nombreuses preuves scientifiques que les médicaments cytostatiques sont non seulement cancérogènes mais aussi mutagènes et reprotoxiques, à même de provoquer des fausses couches », complète Tony Musu. C’est la raison pour laquelle les femmes enceintes doivent être tenues à l’écart de tout contact avec ces produits. « Ils représentent un risque tout au long de la chaîne de production : depuis les ouvriers qui les fabriquent dans les firmes pharmaceutiques, en passant par ceux qui les transportent, et jusqu’au personnel hospitalier », souligne le chercheur. C’est-à-dire les soignants mais également les agents en charge du ménage et les administratifs, puisque l’on retrouve des cytostatiques sur les claviers d’ordinateur. Selon l’enquête nationale Surveillance médicale des expositions aux risques professionnels (Sumer) de 2017, 91 900 salariés sont exposés aux principes actifs des médicaments cytostatiques. Les syndicats européens se battent actuellement pour l’inclusion de ces produits dans la directive européenne consacrée aux produits cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques (CMR). Afin de faciliter la reconnaissance des maladies professionnelles, harmoniser et renforcer la prévention.