Davantage de contraintes physiques pour les travailleurs

par Corinne Grusenmeyer / juillet 2018

Dans les activités de maintenance, les accidents du travail sont particulièrement importants en nombre et en gravité. Ils représentent 15 à 20 % de l'ensemble des accidents du travail et 10 à 15 % des accidents mortels, selon l'Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail. Ces accidents sont pourtant souvent sous-estimés, les effectifs de la maintenance étant sans commune mesure avec ceux de la production (10 % de ces derniers, dans les cas les plus favorables). Dès lors qu'on en tient compte, les personnels de maintenance se révèlent avoir près de trois fois plus d'accidents avec arrêt que leurs collègues de la production, accidents dont la gravité est de surcroît près de deux fois plus importante.

Qu'en est-il de leurs expositions professionnelles ? Une exploitation de l'édition 2010 de l'enquête Sumer (Surveillance médicale des expositions aux risques professionnels), menée par la direction de l'Animation de la recherche, des Etudes et des Statistiques (Dares) du ministère du Travail, montre qu'elles se distinguent très fortement de celles des personnels de production. Les contraintes les plus caractéristiques sont la réalisation d'astreintes, les positions à genoux, le fait que le lieu de travail soit le site d'un client, les situations de conduite de véhicule, les interruptions de tâches pour d'autres, imprévues. Une forte proportion de salariés de la maintenance qui estiment qu'une erreur dans le travail peut avoir des conséquences graves sur la sécurité.

Plus d'autonomie

Du fait de leurs interactions directes avec les équipements, ces travailleurs sont plus fréquemment soumis à la plupart des risques physiques (vibrations, contraintes visuelles, posturales et articulaires, bruit, travail en extérieur, radiations et rayonnements...). Ils sont de même davantage exposés aux produits chimiques. En regard, ils estiment disposer bien plus rarement d'une formation adaptée pour effectuer correctement leur travail. En revanche, et contrairement aux opérateurs de production, ils déclarent être peu exposés à la répétition des gestes, aux rythmes de travail liés à la cadence d'une machine, à l'impossibilité de faire varier les délais, à la rotation sur différents postes. Leur autonomie est aussi plus importante.

Ainsi, malgré des exigences du travail plus fortes, notamment en termes d'incertitude et de diversité des tâches ou encore d'interruptions de l'activité, les personnels de maintenance disposent de marges de manoeuvre qui les exposent moins fréquemment aux risques psychosociaux, comparativement aux salariés de la production.