Défendre les " phyto-victimes "
" Les firmes continuent à prétendre que le lien entre les pesticides et les maladies dont sont victimes les professionnels n'est pas démontré, mais les choses sont en train de bouger ", assure Paul François, céréalier en Charente. La création en mars de l'association Phyto-victimes, qu'il préside, en est un signe. Son premier but est d'informer sur l'impact des pesticides sur la santé, " montrer qu'il y a un déni et le dénoncer ", poursuit Paul François. Il s'agit aussi d'apporter une aide aux victimes, exploitants, salariés, jardiniers... ayant été exposés dans leur activité, en les soutenant dans leurs démarches de reconnaissance du caractère professionnel de la maladie. Autre axe fort : encourager des pratiques plus respectueuses de l'homme et de l'environnement.
C'est à travers ses propres péripéties que Paul François s'est rendu compte, avec d'autres, qu'il fallait " sortir de l'omerta et fédérer ". Gravement intoxiqué en 2004 au Lasso(r), un désherbant de la société Monsanto retiré du marché européen en 2007 mais interdit bien avant dans plusieurs pays, il a fini par obtenir que ses problèmes de santé - malaises, moments d'absence, pertes de connaissance - soient considérés comme causés par l'herbicide. Cette décision du tribunal des affaires de Sécurité sociale d'Angoulême prononcée en 2008 a été confirmée par la cour d'appel de Bordeaux en 2010. Paul François poursuit aussi Monsanto pour faire reconnaître sa responsabilité dans " le manque de renseignements sur la dangerosité du produit ". Et ainsi " montrer aux agriculteurs qui en doutent encore que ces produits homologués ne prennent pas en compte la dimension santé ".