Derrière les chiffres, des histoires personnelles
L'enquête Samotrace comporte un volet médico-administratif, recensant les cas de salariés mis en invalidité pour des problèmes de santé mentale via les médecins-conseils des caisses primaires d'assurance maladie des régions concernées, dont les données sont encore en cours d'exploitation. Elle est aussi alimentée par un recueil de monographies de situations de souffrance mentale, rédigées par des médecins du travail (voir article ci-dessus). Ces derniers ont revu une partie des salariés présentant un score élevé au questionnaire sur le mal-être - le GHQ-28 - et ont écouté leur histoire personnelle et professionnelle. "L'idée est d'enrichir l'interprétation des résultats épidémiologiques par des analyses qualitatives, explique Christine Cohidon, coresponsable de l'enquête Samotrace. Il s'agit de dérouler le fil des expositions psychosociales et d'essayer de voir comment elles peuvent mener à des problèmes de santé mentale." Pour un bon tiers des salariés, la détresse psychique ne présentait pas de rapport avec le travail. "Le GHQ-28 est un indicateur global évaluant le mal-être et il ne préjuge pas du lien avec le travail", précise Bernard Arnaudo, coordinateur logistique de l'enquête.