Derrière les inaptitudes médicales, la pénibilité du travail
Une exposition à des facteurs de pénibilité a été à l'origine de l'inaptitude pour 44 % des salariés déclarés inaptes par la médecine du travail. Tel est le résultat d’une étude de l’Institut de santé au travail du Nord de la France[[L’ISTNF, dont nous avons déjà plusieurs fois rapporté les travaux dans Santé & Travail, a acquis une réelle expérience dans le maintien dans l’emploi des salariés et la prévention de la désinsertion professionnelle. Voir « Mobilisation générale en Nord-Pas-de-Calais », Santé & Travail n° 88, octobre 2014.]] menée dans le Nord-Pas-de-Calais sur 3 207 inaptitudes réalisées par 222 médecins du travail. Les facteurs de pénibilité les plus en cause sont les manutentions manuelles de charge (27,2 %), les postures pénibles (22,5 %), le travail répétitif (7,5 %) et les expositions à des vibrations mécaniques (4,9 %).
Les pathologies les plus présentes chez les sujets déclarés inaptes sont les atteintes du système ostéoarticulaire (49,3 %), suivies des pathologies mentales (25,5 %, dont 16,2 % en lien avec une souffrance au travail), puis viennent les atteintes de l'appareil circulatoire (6,3 %), du système nerveux (5,2 %) et de l'appareil respiratoire (3,6 %).
Une pathologie d'origine tumorale est retrouvée dans 5,5 % des inaptitudes et elle est maligne dans 5,1 % des cas.
Une pathologie professionnelle est à l'origine de l'inaptitude dans 30,2 % des cas, répartie à peu près également entre accidents du travail (11,2 %), maladies professionnelles (9,5 %) et maladies à caractère professionnel (9,1 %).
Parmi les facteurs de pénibilité qui ne sont pas pris en compte dans le Code du travail, on retrouve des inaptitudes liées à des expositions à une pression psychologique (8,5 %), à des problèmes relationnels (7,1 %), à une contrainte temporelle (5,9 %) et à des déplacements prolongés à pied (2,6 %).
Enfin, et ce n’est pas rassurant, on retiendra que le maintien dans l'entreprise n'a concerné qu'une petite minorité de salariés déclarés inaptes (5,5 %). L'inaptitude a été suivie d'un licenciement pour 90,3 % des salariés déclarés inaptes, parmi lesquels 45,6 % ont bénéficié d'au moins une mesure d'accompagnement socioprofessionnel. A l'issue du licenciement :
- 47,9 % des salariés sont demandeurs d’emploi ;
- 9,1 % ont entamé une démarche de formation ou de réorientation professionnelle ;
- 0,8 % ont un projet de création d’entreprise ;
- 31,8 % ont obtenu une mise en invalidité ;
- 4,0 % ont pris leur retraite ;
- 1,0 % ont trouvé un autre emploi ;
- pour 5,3 %, le devenir est inconnu des médecins du travail.