Les deux faces d’une prévention efficace

par Bernard Dugué, enseignant-chercheur en ergonomie. / octobre 2022

La prévention des risques d’accidents, notamment industriels, fait souvent appel aux notions de « sécurité réglée » et de « sécurité gérée ». Derrière cette distinction, il y a l’idée essentielle que les règles ne peuvent jamais suffire – à elles seules – à assurer la sécurité. Elles sont bien sûr indispensables, afin de mettre en place des « barrières » individuelles et collectives, techniques ou organisationnelles, dans le but d’éviter des événements non souhaitables ou d’en limiter les conséquences. C’est ce que l’on nomme la « sécurité réglée ». Cependant, si les règles permettent d’anticiper un certain nombre de situations prévisibles, elles ne couvrent pas toutes les situations possibles.

Faire face aux aléas

La variabilité des environnements de travail, le caractère imprévisible de certains évènements, les contextes parfois inédits dans lesquels ils vont survenir, l’état du collectif de travail à un instant donné, rendent toute prescription incomplète voire inadaptée dans certaines circonstances. Ces aléas sont cependant généralement maîtrisés grâce à trois types de ressources, complémentaires aux règles : les compétences des salariés, l’entraide entre collègues et le soutien de la hiérarchie.
La capacité des travailleurs à faire face aux situations à risque, à prendre des initiatives, à puiser dans leurs savoir-faire et dans leur expérience individuelle ou collective, à adapter leur mode opératoire ou à solliciter des collègues, sont autant d’atouts pour gérer efficacement les dangers.
Cette « sécurité gérée » permet de faire face en temps réel, aux situations que les règles n’ont pas pu anticiper. L’instauration d’une culture de sécurité efficiente passe par la rencontre et un dialogue entre ces deux sécurités, « réglée » et « gérée ».
Cela entraîne une meilleure connaissance des situations de travail à risque, une adaptation permanente des règles et un développement des compétences des salariés. Des conditions nécessaires à une meilleure prévention des accidents du travail.