Des douaniers intoxiqués après une saisie de cannabis
par
Rozenn
Le Saint
/ 22 novembre 2019
Selon nos informations, des agents des douanes de Tours ont été intoxiqués par des émanations provenant de saisies entreposées, faute de place, dans leurs bureaux. Parmi celles-ci, la prise record de plus d’une tonne de cannabis en septembre dernier.
Belle prise ! Le 9 septembre, les douaniers de Tours interceptent, dans un camion, un chargement d’1,2 tonne de pollen de cannabis conditionné dans des savonnettes, apparemment aspergées de produits chimiques aromatiques, mais pas suffisamment odorantes pour tromper le chien anti-stupéfiants. En revanche, les narines des agents des douanes de Tours vont en pâtir. La saisie est si importante que l’espace de stockage sécurisé manque. La drogue est alors entreposée dans la salle de réunion des locaux tourangeaux. Deux agents vont devoir évacuer leur poste, a priori du fait des émanations de produits chimiques qui recouvrent le pollen de cannabis. « L’une de ces personnes, prise d’un malaise et envoyée aux urgences, mettra plus de quatre heures à reprendre ses esprits », témoigne Martine Rico, membre du CHSCT du Loiret du ministère des Finances, compétent pour les douanes du Centre-Val-de-Loire.
Deux accidents dans l’année
C’est le deuxième accident de ce type cette année. Il intervient en pleine enquête du CHSCT suite à une autre jolie prise : le dimanche 10 février, 81 kilos de cannabis avaient été interceptés dans un camion plein à craquer, planqués dans 250 cartons contenant 2 000 paires de chaussures neuves.
Les souliers sont recouverts de vernis et solvants toxiques. Une marchandise idéale pour les trafiquants : ils espèrent que de la forte odeur qui s’en dégage masquera celle du cannabis. La drogue avait cette fois été sécurisée dans un endroit prévu à cet effet. En revanche, l’encombrante saisie de godillots avait été entreposée dans la salle de réunion des locaux de Tours, faute de mieux. « Le lundi matin, tout le monde trouve qu’il y a une odeur bizarre, ça tousse, ça pleure, relate Martine Rico. Les agents se plaignent de maux de tête, de nausées… L’un est renvoyé chez lui, puis l’autre… Des autorisations spéciales d’absence sont données, sans qu’il y ait de décision collective et immédiate de protection. »
Les souliers sont recouverts de vernis et solvants toxiques. Une marchandise idéale pour les trafiquants : ils espèrent que de la forte odeur qui s’en dégage masquera celle du cannabis. La drogue avait cette fois été sécurisée dans un endroit prévu à cet effet. En revanche, l’encombrante saisie de godillots avait été entreposée dans la salle de réunion des locaux de Tours, faute de mieux. « Le lundi matin, tout le monde trouve qu’il y a une odeur bizarre, ça tousse, ça pleure, relate Martine Rico. Les agents se plaignent de maux de tête, de nausées… L’un est renvoyé chez lui, puis l’autre… Des autorisations spéciales d’absence sont données, sans qu’il y ait de décision collective et immédiate de protection. »
Malaises et irritations
En raison d’un problème de logistique, les chaussures resteront entreposées dix jours dans ces locaux. « Les gens qui travaillent dans le bureau d’à côté continuent d’être incommodés et de se sentir mal, alors la salle est calfeutrée. Mais les émanations s’échappent aussi par le plafond, donc les collègues du premier étage sont touchés à leur tour », indique la représentante du personnel au CHSCT. En tout, dix agents seront victimes de malaises ou d’irritations de la peau, des yeux et du système respiratoire. Six d’entre eux déclareront ces atteintes en accident du travail.
Des analyses de qualité de l’air commandées le 22 février par la direction régionale des Douanes, elle-même sollicitée par un agent, sont réalisées le 12 mars. Soit près d’un mois après le déménagement du stock de chaussures. Les résultats de ces analyses, que Santé & Travail a pu consulter, ont montré que les agents respiraient encore plusieurs composés organiques volatils ainsi que du toluène, substance toxique pouvant expliquer les troubles. Une autre analyse, effectuée sur l’une des chaussures stockées en juillet, confirme « une très forte concentration en toluène », à tel point qu’« il est constaté une saturation du détecteur ». Entre-temps, des mesures de purification de l’air des locaux contaminés ont été prises.
Des analyses de qualité de l’air commandées le 22 février par la direction régionale des Douanes, elle-même sollicitée par un agent, sont réalisées le 12 mars. Soit près d’un mois après le déménagement du stock de chaussures. Les résultats de ces analyses, que Santé & Travail a pu consulter, ont montré que les agents respiraient encore plusieurs composés organiques volatils ainsi que du toluène, substance toxique pouvant expliquer les troubles. Une autre analyse, effectuée sur l’une des chaussures stockées en juillet, confirme « une très forte concentration en toluène », à tel point qu’« il est constaté une saturation du détecteur ». Entre-temps, des mesures de purification de l’air des locaux contaminés ont été prises.
Algeco de stockage
« Les agents qui travaillent dans les ports connaissent davantage les risques de ce type d’émanations et prennent des mesures de précaution quand ils ouvrent des conteneurs, mais à Tours et sûrement dans de nombreuses autres villes, il y a un manque de sensibilisation », déplore encore Martine Rico.
Le 18 septembre, après le second incident, les élus du CHSCT envoient un courrier d’alerte à Gérald Darmanin, ministre de l’Action et des Comptes publics, avec la direction générale des Douanes en copie. Le 14 novembre, dans sa réponse, cette dernière reconnaît que « l’utilisation de la salle de réunion ne constitue pas une solution adaptée pour le stockage de marchandises saisies ». Elle interdit l’entreposage dans cette pièce et préconise l’installation d’« un matériel de type Algeco sécurisé dans l’enceinte du bureau de douane » ainsi que la recherche d’une solution de relogement pour la brigade de Tours. Sauf qu’« en attendant, le personnel y est toujours. Et même si on a un Algeco, du jour au lendemain, il peut y avoir une importante saisie. Nous avons donc besoin d’un plan B », réclame Martine Rico. Le rapport de l’enquête enclenchée à la suite du premier accident sera présenté au CHSCT mercredi prochain, 27 novembre.
Le 18 septembre, après le second incident, les élus du CHSCT envoient un courrier d’alerte à Gérald Darmanin, ministre de l’Action et des Comptes publics, avec la direction générale des Douanes en copie. Le 14 novembre, dans sa réponse, cette dernière reconnaît que « l’utilisation de la salle de réunion ne constitue pas une solution adaptée pour le stockage de marchandises saisies ». Elle interdit l’entreposage dans cette pièce et préconise l’installation d’« un matériel de type Algeco sécurisé dans l’enceinte du bureau de douane » ainsi que la recherche d’une solution de relogement pour la brigade de Tours. Sauf qu’« en attendant, le personnel y est toujours. Et même si on a un Algeco, du jour au lendemain, il peut y avoir une importante saisie. Nous avons donc besoin d’un plan B », réclame Martine Rico. Le rapport de l’enquête enclenchée à la suite du premier accident sera présenté au CHSCT mercredi prochain, 27 novembre.