Du physique au psychologique, et vice-versa
Longtemps, les accidents du travail ont surtout éclairé la dimension physique des risques professionnels et de leur prévention, du fait des circonstances de leur survenue et des dommages subis (chutes, chocs, brûlures…). Plus récemment, des traumatismes psychologiques (en lien avec une altercation, des menaces…) ont aussi fait l’objet de déclarations en accident du travail, permettant d’aborder le champ de la santé mentale. Pour autant, rompre le clivage entre le « physique » et le « psychologique » présente un intérêt : les circonstances entourant la déclaration d’accidents du travail physiques peuvent en effet apporter des éléments de compréhension pour la prévention des risques psychosociaux (RPS).
Dans une usine de production, lors d’une intervention menée au départ sur les RPS, une analyse des accidents a ainsi révélé une surreprésentation des femmes enceintes concernant les arrêts de travail et la présence d’un risque chimique. Une analyse clinique du travail a mis en lumière la peur ressentie par les ouvrières et les chefs d’équipe. Une peur liée à l’usage de produits cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques manipulés sans protection collective et individuelle suffisante, la situation des femmes enceintes étant particulièrement préoccupante. La prise en compte des accidents du travail a ainsi permis de faire émerger le risque toxique, occulté jusque-là et à l’origine de RPS, pour ensuite construire un programme d’actions portant sur sa prévention.