Du poison dans les conteneurs
Environ un conteneur sur cinq arrivant dans les ports européens contient des gaz toxiques utilisés pour détruire les insectes et autres nuisibles durant le transport. Les dockers et manutentionnaires sont les plus exposés, suivis des douaniers, logisticiens et chauffeurs. Alertée par les syndicats, l'administration française des douanes a procédé en 2010 à un test de trois semaines dans le port du Havre (Seine-Maritime), qui "a révélé une concentration de gaz de fumigation supérieure aux normes européennes dans 14 % des conteneurs". Depuis, les agents des douanes ont pour consigne de "se placer systématiquement sur le côté du conteneur lors de l'ouverture", puis de "respecter un délai d'aération de trente minutes avant intervention" et d'"utiliser masque, gants, lunettes, casque de protection approprié pour la vérification des marchandises". La Belgique et les Pays-Bas ont pris des dispositions plus sévères, allant jusqu'à mesurer systématiquement les gaz en cas de doute.
En France, les fédérations CGT des transports, des ports et des finances ont lancé à la mi-février une campagne de sensibilisation sur la toxicité des gaz de fumigation. "Nous voulons que soit mis en place un suivi médical avec des fiches d'exposition, pour toute la chaîne conteneurisée", réclame Sébastien Géhan, secrétaire général de la CGT des douanes. Une recherche-action, le programme Escales, a été lancée à l'automne par les dockers de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique). Financé par le conseil régional des Pays-de-la-Loire, ce projet vise à reconstituer les parcours professionnels des dockers atteints de pathologies graves. Pour y parvenir, médecins du travail et sociologues vont s'appuyer sur un outil propre à ce corps de métier : le carnet de travail. "J'ai été docker pendant trente ans, j'ai tout noté : le nom des bateaux et des équipes, les marchandises, les horaires", confirme Christian Zimmer, petit-fils de docker.