"Du polonium 210, particulièrement radiotoxique"
La Criirad a effectué une analyse des risques liés à l'exposition à des parasurtenseurs radioactifs chez France Télécom. Avec quels constats ?
Bruno Chareyron : Il y a des modèles très différents de parasurtenseurs, selon la substance contenue, sa radioactivité, le matériau qui l'enveloppe... Dans certains cas, la radiation traverse le contenant. Cela entraîne une irradiation externe. Ainsi, avec le radium, on a mesuré un débit de dose à la peau 400 fois supérieur au niveau naturel de radiation. Plus on est proche et plus les objets sont nombreux, plus le rayonnement est intense. Après, le niveau de risque dépend de la durée d'exposition, de sa fréquence, du type de manipulation... Un compteur Geiger permet d'obtenir une estimation.
Reste la contamination interne. Par inhalation d'abord : des substances gazeuses peuvent diffuser à travers le contenant, avec le tritium en particulier, même à partir d'un objet intact, et elles ne sont pas détectables avec un compteur. L'exposition concerne surtout les situations de travail dans des répartiteurs ou lieux de stockage fermés. Le même phénomène s'observe avec le radon 222 généré par le radium 226. L'ingestion de particules peut se produire par l'intermédiaire du contact des doigts avec des poussières ou des parasurtenseurs défectueux, cassés. Un frottis dans un boîtier a montré une contamination par du radium et ses descendants, plomb 210, polonium 210, particulièrement radiotoxiques.
Les reconstitutions d'expositions a posteriori ne sont pas simples...
B. C. : On peut calculer la dose reçue par quelqu'un à partir d'une situation de travail clairement définie. La difficulté tient au nombre de scénarios. Mais cela reste modélisable par le calcul. Il est plus complexe d'évaluer la contamination par inhalation et par ingestion. On peut s'appuyer sur des tests de laboratoire, mais il est indispensable que les scénarios d'exposition soient établis en collaboration avec les salariés.