La durée du travail en Europe continue de baisser
Les Européens travaillent en moyenne deux heures de moins par semaine qu'en 2005. Une évolution qui cache des disparités en matière de situations et d'aspirations concernant l'évolution de la durée du travail.
La durée hebdomadaire moyenne du travail en Europe a diminué de deux heures au cours des dix dernières années. Elle est passée de 38,6 heures en 2005 à 37,5 heures en 2010, puis à 36,3 heures en 2015. C'est un des résultats intéressants qu'apporte la dernière enquête de la Fondation européenne pour l'amélioration des conditions de travail1 , dite "Fondation de Dublin". Cette évolution tient à la fois à la diminution de la proportion de travailleurs concernés par des semaines de 48 heures ou au-delà (baisse de 18 à 15 %) et à une progression du temps partiel en deçà de 20 heures (hausse de 11 à 15 %) ou entre 21 et 34 heures (hausse de 10 à 13 %).
Deux résultats usuels se confirment dans l'enquête : les actifs indépendants ont des durées de travail plus longues que les salariés ; il en est de même pour les hommes vis-à-vis des femmes (39 heures pour les premiers, contre 33 pour les secondes). Sur cette différence de durée moyenne selon le sexe, la Fondation souligne qu'elle est plus que compensée par celle constatée au niveau du "travail non rémunéré" - principalement "s'occuper des enfants et d'autres personnes dépendantes" -, qui occupe les femmes pendant 22 heures et les hommes pendant 9 heures.
Un équilibre à trouver
Majoritairement, les Européens déclarent que leur durée de travail correspond à leurs "préférences". Toutefois, ils sont 13 % à vouloir augmenter leurs heures. C'est le cas pour plus du tiers des travailleurs à temps partiel. Et 28 % voudraient travailler moins longtemps, ce taux montant à 62 % chez ceux qui ont une durée supérieure à 48 heures. Plusieurs résultats permettent de mieux cerner ces aspirations. Les travailleurs à temps partiel sont ainsi plus nombreux que la moyenne des actifs à dire qu'ils arrivent à organiser convenablement leur vie hors travail, mais aussi à regretter la faiblesse de leur rémunération ou de leurs projets de carrière, et à exprimer un sentiment d'insécurité concernant leur emploi. Quant aux actifs à durées longues, ils se caractérisent par l'expression relativement fréquente de craintes pour leur santé et/ou pour l'harmonie de leur vie familiale.
Et la France, dans tout cela ? En durée moyenne, elle se situe légèrement au-dessus de la moyenne de l'Union. Les durées longues y sont plutôt plus rares que dans les autres pays et le temps partiel y est par ailleurs moins répandu. Les durées y sont donc moins dispersées que dans d'autres pays, ce qui, au vu des remarques qui précèdent, n'est pas a priori un défaut. Ce que l'on sait peut-être moins, c'est que les pays dans lesquels la durée moyenne est inférieure à celle de la France sont par exemple les Pays-Bas, l'Allemagne, le Danemark et le Royaume-Uni. Et ceux qui présentent les durées les plus longues sont notamment la Grèce, la Roumanie, la Bulgarie et la Slovaquie. De quoi relativiser les propos qui prétendent relier durée du travail élevée et supériorité des performances économiques.
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L'enquête européenne sur les conditions de travail est réalisée tous les cinq ans depuis 1990. Les premiers résultats de celle de 2015 sont accessibles sur www.eurofound.europa.eu. Le rapport complet de l'enquête sera diffusé à l'automne 2016.