Europe : mobilisation sur les conditions de travail des enseignants
Le Comité syndical européen de l’éducation se mobilise sur les conditions de travail des enseignants, très exposés aux risques psychosociaux. Il a émis des recommandations « sur la promotion d’environnements de travail sains et sûrs en période de crise ».
La crise économique a-t-elle des conséquences sur les conditions de travail des enseignants européens ? Oui, indiscutablement, ont répondu en 2013 55 syndicats concernés, appartenant à 33 pays membres ou non de l’Union européenne. En cause, les restrictions budgétaires ayant entraîné gel des salaires, non-remplacement de travailleurs partant en retraite, fermetures et fusions d’écoles, diminution des dépenses d’investissement, non-reconduction des travailleurs temporaires et diminution du soutien accordé aux élèves ayant des besoins spéciaux. La crainte de perdre son emploi s’avère désormais fréquente parmi les enseignants non fonctionnaires. « La situation est grave en Espagne, au Portugal, en Grèce, au Royaume-Uni, en Irlande et au Danemark », dénonce Hélène Hemet, responsable de l’international à l’UNSA-éducation et membre du Comité syndical européen de l’éducation. « En France, nous avons subi 80 000 disparitions de postes et des classes surchargées, mais l’éducation est vue comme un investissement et non comme un coût et des places ont été rouvertes sur concours », ajoute-t-elle. A son avis, les femmes – majoritaires dans le primaire et le secondaire – apparaissent comme les plus fragilisées du fait du temps partiel subi, du harcèlement moral et sexuel et des pressions de la hiérarchie.
« Carences » dans l’accompagnement
L’UNSA appelle à mettre en place un système de prévention des risques psychosociaux dans un contexte où se multiplient les cas de burn-out. Et elle dispense elle-même des formations sur le stress pour ses membres appartenant à un comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT). Le Snes-FSU dénonce pour sa part « des carences » dans l’accompagnement des personnels, en raison notamment du faible nombre de médecins de prévention. L’Education nationale vient d’ailleurs de reconnaître comme étant « imputables au service » cinq suicides d’enseignants survenus depuis 2010, dont celui, l’an dernier à Marseille, d’un professeur dénonçant entre autres une énième réforme faite « à la hussarde ».
Le Comité syndical européen de l’éducation a organisé en 2013 une conférence en Espagne au cours de laquelle ont été débattues des recommandations « sur la promotion d’environnements de travail sains et sûrs dans l’Education en période de crise économique ». Adoptées officiellement depuis, ces recommandations invitent à se mobiliser contre le stress lié au travail des enseignants, la violence, le harcèlement, et à mettre en place des mesures pour promouvoir la santé et la sécurité des travailleurs. « Les questions de santé et de sécurité ne relèvent pas uniquement de la responsabilité de l’individu, mais font surtout partie intégrante de l’organisation du travail », souligne le texte. Les syndicats appellent à « un dialogue social plus approfondi » avec les représentants des employeurs au niveau européen et à des accords-cadres sur la prévention au niveau national. « De telles recommandations permettent aux syndicalistes européens de se prévaloir de ces orientations dans leur propre pays », déclare Hélène Helmet.