Faciliter l'intégration des plus fragiles
Si les jeunes sont parmi les principales victimes du chômage, tous ne sont pas frappés de la même façon. La dernière enquête Génération du Centre d'études et de recherches sur les qualifications (Céreq), qui suit le devenir professionnel de jeunes entrés dans la vie active en 2007, en témoigne : trois ans après leur arrivée sur le marché du travail, la majorité des jeunes diplômés étaient titulaires d'un contrat à durée indéterminée, tandis que les moins qualifiés enchaînaient les petits boulots, entrecoupés de longues périodes de chômage.
La faute à l'école ? Non. L'école n'est pas responsable de la crise actuelle et de ses effets sur le niveau de l'activité. En revanche, il est vrai qu'elle échoue à donner une formation de base de qualité à tous les élèves. Plus grave, le taux d'échec et les inégalités scolaires se sont accrus ces dix dernières années. Là encore, l'école et ses professionnels ne sont pas seuls responsables : une partie des enfants qui leur sont confiés vivent dans des conditions difficiles, avec des parents eux-mêmes victimes de la crise. Il n'empêche : l'école doit se donner pour mission d'assurer la réussite de tous. Une exigence d'autant plus forte que le monde du travail est devenu plus sélectif et que les connaissances et compétences exigées, y compris pour des tâches jugées peu qualifiées, sont plus élevées qu'hier. La remontée annoncée des taux d'accueil des enfants de 2 à 3 ans en maternelle et la priorité donnée à l'école primaire vont dans le bon sens. Mais il faudra aussi changer les objectifs et pratiques des enseignants afin de rendre la pédagogie plus inclusive.
"Deuxième chance"
En attendant, il faut agir pour faciliter l'intégration des jeunes les plus fragiles sur le marché du travail. Cela passe par le développement des dispositifs qui leur assurent une "deuxième chance" ou leur offrent une première expérience professionnelle. Les contrats de génération et emplois d'avenir sont-ils à la hauteur de l'enjeu ? Il est trop tôt pour évaluer les premiers. Quant aux emplois d'avenir, ils décollent lentement. Rien de très surprenant : ils sont ciblés sur les jeunes les moins qualifiés, ceux que les employeurs - y compris associatifs - rechignent à embaucher. L'absence d'effet d'aubaine, en quelque sorte, limite l'appétit des employeurs. Reste qu'en l'état présent du marché du travail, il faudrait, sans attendre une hypothétique reprise, développer un dispositif supplémentaire afin d'éviter que tous les jeunes qui entrent aujourd'hui sur le marché du travail aient demain le sentiment d'avoir appartenu à des générations sacrifiées.