Favoriser le passage de l'aide au soin
"La prévention primaire est essentielle mais pas suffisante, prévient Emmanuelle Paradis, chef de projet prévention et santé au travail à la mutuelle Chorum. L'implication physique des intervenantes, sous contrainte de temps, est telle qu'il n'est pas possible de penser qu'elles n'auront pas de problème de santé." La mutuelle, les employeurs, les syndicats et les deux organismes paritaires collecteurs agréés pour la formation continue réfléchissent à des parcours professionnels interbranches pour les salariées les moins qualifiées. L'idée : valoriser les compétences, repérer ce qui est transférable, tout en intégrant la pénibilité physique.
D'ores et déjà, des expérimentations permettent des évolutions professionnelles.
En Picardie, à l'agence régionale pour l'amélioration des conditions de travail (Aract), Marylène Coppi, chargée de mission, les promeut depuis cinq ans : "Dans ce secteur, il faut qu'on innove du point de vue organisationnel au niveau du territoire, parce que la demande est locale et que la mobilité des employées est très faible. Une structure isolée ne peut le faire seule. Il faut des partenariats locaux."
Vigies. Sauf si la structure possède la taille suffisante, comme cette association que Marylène Coppi trouve intéressante : les Aînés du canton d'Acheux-en-Amiénois. "C'est une sorte de complexe qui permet d'intervenir à domicile, d'accueillir les personnes âgées pour des activités à la demi-journée et de les héberger pour des périodes courtes ou des séjours longs", précise-t-elle. Les intervenantes à domicile, qui connaissent bien les usagers, jouent le rôle de vigies. Elles peuvent appeler les infirmières pour lancer une alerte, poser des questions, et ainsi mieux surveiller la santé des usagers, élargir leur périmètre de connaissances, apprendre à se faire confiance, et, éventuellement, se former pour passer de l'aide au soin.
De manière générale, pour Marylène Coppi, les expériences de regroupement des deux types d'activité - soin et aide à domicile - permettent des synergies pour les usagers comme pour les employées. Depuis 2004 peuvent être créés des services polyvalents d'aide et de soins à domicile (Spasad). Un récent rapport d'information du Sénat sur l'aide à domicile, publié le 4 juin 2014, plébiscite ce type d'établissements et déplore que le territoire n'en compte que 91, suggérant qu'"il est nécessaire d'évaluer les freins à leur développement [...] en étudiant notamment la façon dont pourrait être assurée la fongibilité des enveloppes de financement