Favoriser la qualité de vie au travail des fonctionnaires
Depuis l'an passé, la direction générale de l'Administration et de la Fonction publique contribue au financement d'actions destinées à améliorer les conditions de travail des agents de l'Etat. Explications de Bérénice Dély, qui pilote cette initiative.
Pour la deuxième année consécutive, la direction générale de l'Administration et de la Fonction publique (DGAFP) va financer, par un fonds dédié, des projets visant à améliorer les conditions de travail dans la fonction publique d'Etat. Pourquoi une telle initiative ?
Bérénice Dély : La création du Fonds interministériel pour l'amélioration des conditions de travail, le Fiact, a été prévue dans le projet de loi de finances pour 2018. Les organisations syndicales demandaient de manière récurrente que l'Etat employeur participe au financement de projets pour améliorer les conditions de travail dans la fonction publique d'Etat au travers d'un fonds, comme cela se fait dans le secteur privé ou pour les collectivités locales. En outre, en 2016, un rapport de l'Inspection générale de l'administration et de celle des affaires sociales avait préconisé la création d'un tel fonds.
Nous avons reçu, en 2018, 202 dossiers de candidature. Le Fiact est doté de 1 million d'euros et nous avons financé 70 projets. Ou plutôt cofinancé, puisque le principe du Fonds est de permettre aux administrations d'aller plus loin dans une action qui est déjà en gestation. Nous cherchons à avoir un effet de levier.
Quels types d'actions ont été financés ?
B. D. : Nous avons, par exemple, contribué au financement, dans un commissariat de Dijon, de casiers individuels pour que les policiers puissent laisser leur arme ; jusque-là, quand ils n'étaient pas en service, ils pouvaient l'emporter chez eux ou la laisser dans un local commun dont un seul policier avait la clé. Autre exemple : le financement d'un centre de médecine du travail mutualisé entre les collectivités territoriales et les services de l'Etat en Bourgogne-Franche-Comté pour pallier l'absence de couverture de certains services ; le but est de renforcer l'attractivité de la région pour un médecin du travail. Nous avons également aidé à la rénovation de l'accueil des usagers de la préfecture du Rhône pour améliorer les conditions de travail des agents et la qualité du service public. Ce dernier point fait partie des critères de sélection, comme l'organisation d'un dialogue social en amont du projet.
Il est trop tôt pour dresser un bilan de ces projets, mais nous communiquons pour qu'ils essaiment. Dans le cadre de la concertation sur la QVT [qualité de vie au travail] du deuxième semestre 2019, les actions du Fiact pourront servir d'inspiration et alimenter les discussions.
Vous venez de sélectionner les dossiers de 2019. Les propositions ont-elles évolué ?
B. D. : Nous en avons retenu 64 sur 167. Les demandes sont plus abouties, les dossiers mieux conçus. Une forme d'expertise émerge, sur des sujets bien précis. Parmi les projets que nous avons décidé de soutenir figurent une étude sur l'impact, dans une maison d'arrêt, de cycles de travail atypiques sur l'absentéisme, une autre sur le risque TMS [troubles musculo-squelettiques] chez les jardiniers et les soignants animaliers d'un zoo, ou encore, dans plusieurs abattoirs, des aménagements d'espaces de travail afin de réduire les TMS.
Nous recevons beaucoup de dossiers "bien-être", pour des cours de yoga, de la sophrologie, etc. S'il n'y a pas de réflexion sur l'organisation du travail, nous ne pouvons les valider. Nous allons publier un guide fin mars pour expliquer ce que la QVT peut signifier. C'est notre enjeu : permettre aux administrations de s'emparer du concept.