Fin de carrière précoces : la faute au métier
Tant s’en faut, le départ en retraite ne s’enchaine pas systématiquement à la fin de carrière. Chaque année, en effet, près de 30 % des seniors mettent un terme à leur activité avant d’avoir liquidé leurs droits, soit une moyenne annuelle de 171 000 départs sur la période 2003-2018. Pour ces plus de 55 ans, tombés dans le non-emploi et pas encore en retraite ou en pré-retraite, les situations sont assimilées à des « sorties précoces de l’emploi ». Lesquelles sont provoquées par des motifs de santé (10 % des départs), de chômage (4 %) et d’inactivité (15 %).
Dans une étude, dont les résultats ont été publiés dans « La note d’analyse » d’avril dernier, France Stratégie s’est penchée sur les métiers les plus concernés par ces sorties précoces. De façon globale, celles-ci sont plus fréquentes chez les employés et les ouvriers que chez les cadres et les indépendants. Les secteurs les plus impliqués sont ceux de l’hébergement et de la restauration, du bâtiment (second œuvre et gros œuvre), des services aux particuliers et aux collectivités (services à la personne, agents d’entretien) et de la manutention. Pour les ouvriers peu qualifiés des industries de process, ainsi que pour les caissiers et employés de libre-service, l’âge moyen de sortie est de 57 ans. Il est de 60 ans pour les assistants maternels, les patrons et les cadres d’hôtels, cafés et restaurants.
Sur l’échelle des métiers, indique encore le document, les sorties précoces pour chômage ou inactivité (hors santé) sont uniformément réparties. En revanche, les départs pour maladie ou invalidité sont plus fréquents dans le bas de l’échelle des qualifications. Chez les ouvriers peu qualifiés de la manutention et du bâtiment (second œuvre), le motif de santé concerne plus de 30 % des sorties précoces, de même chez les caissiers et employés de libre-service. Le taux est de 24 % pour les ouvriers peu qualifiés du BTP (gros œuvre) et de 22 % pour les aides à domicile.