La fin de la médecine du travail pour tous
"Porteuse de relents eugénistes de sélection de la main-d'oeuvre, la médecine du travail est longtemps restée très ambiguë. Les transformations des environnements et organisations de travail aidant, les débats sur son indépendance, sa spécificité, l'aptitude ont avancé socialement. La nécessité de son évolution s'est imposée. Accompagner les salariés, constater les atteintes à leur santé, permettre la prévention... elle est le seul outil qui, dans l'énonciation de ses constats, peut s'affranchir du poids des considérations économiques. Hélas, la dernière réforme oriente la médecine du travail vers la sélection de la main-d'oeuvre sur les postes à risque. Pour la plupart des salariés, sauf pathologie constituée ou travail dans un secteur à surrisque, c'est la mort de tout accompagnement. Or, pour déployer la prévention, il faut que le médecin puisse appréhender les mécanismes délétères à travers sa connaissance de l'ensemble du collectif. Ce serait différent s'il pouvait s'appuyer sur des infirmiers ayant un vrai statut d'indépendance et une formation supérieure autorisant des diagnostics robustes."