Les généralistes, sentinelles de la souffrance au travail
Un quart des patients actifs des médecins généralistes sont en souffrance psychique en lien avec leur travail, selon l'étude Héraclès, menée en 2014 dans la région Nord-Pas-de-Calais (Hauts-de-France). L'objectif de celle-ci était de mesurer la prévalence des cas de souffrance psychique liée au travail vus en consultation de médecine générale ; 121 généralistes et 2 036 patients y ont participé, via un questionnaire.
Au total, 525 patients ont été diagnostiqués avec une souffrance psychique identifiée par le généraliste comme en lien avec le travail. Les troubles les plus fréquents étaient l'anxiété généralisée, les épisodes dépressifs majeurs et les risques suicidaires. Un traitement médicamenteux a été prescrit à 82 % des personnes en souffrance, à base d'anxiolytiques pour 62 % d'entre eux, d'antidépresseurs (42 %) et de somnifères (32 %). Le patient a été orienté vers son médecin du travail dans 26 % des cas, vers un psychiatre ou un psychologue dans 20 %, vers un service d'urgences psychiatriques dans 3 %. A noter que 34 patients n'avaient pas de médecin du travail identifié.
S'ils concernent particulièrement les salariés de plus de 50 ans, ceux ayant des antécédents psychiatriques ou les plus petites entreprises, les troubles psychiques liés au travail sont aussi associés à certaines caractéristiques de ce dernier, comme le fait de "devoir penser à trop de choses à la fois", d'avoir du mal à concilier vie professionnelle et vie privée, de "devoir cacher ses émotions" ou d'"avoir peur de perdre son emploi"
L'étude Héraclès est une des premières estimations de la prévalence des troubles psychiques en lien avec le travail, en médecine générale, dans une région. Elle contribue par ailleurs à la connaissance des liens complexes entre conditions de travail et conduites suicidaires.