Glyphosate : une évaluation des risques contestée
Alors que la France assure la présidence de l’Union européenne ce premier semestre de l’année 2022, la Commission nationale française de la déontologie et des alertes en matière de santé publique et d’environnement (CNDASPE) a jugé opportun d’interpeller le gouvernement. Dans un avis publié le 10 janvier dernier, elle lui suggère de proposer à la Commission européenne de revoir le dispositif d’évaluation de la toxicité du glyphosate, avant toute décision sur le renouvellement de son autorisation.
Depuis 2017, cet herbicide, dont la dangerosité fait débat, est temporairement autorisé dans l’Union européenne. Mais, passé le 15 décembre 2022, ce ne sera plus le cas. Sauf si la Commission européenne en décide autrement, en s’appuyant notamment sur le pré-rapport qu’elle a commandité à des experts de quatre Etats membres (France, Hongrie, Pays-Bas et Suède). Ce document, rendu le 15 juin 2021, indique en effet que la molécule ne peut être classée comme un perturbateur endocrinien, ni comme agent cancérogène, mutagène ou reprotoxique.
Selon la CNDASPE, la méthodologie utilisée pour le pré-rapport européen pose question : « 90 % des articles publiés dans la littérature scientifique internationale auraient été éliminés car jugés "non pertinents" » et « le matériau considéré serait principalement constitué des dossiers soumis par les industriels demandeurs du renouvellement de l’autorisation ». En conséquence, elle propose la constitution d’un premier groupe de spécialistes en déontologie scientifique, en vue d’examiner les liens d’intérêts avec l’industrie des experts ayant participé à la rédaction du pré-rapport de juin 2021 et des rapports ayant abouti à l’autorisation du glyphosate en 2017. En parallèle, un deuxième panel de spécialistes internationaux devrait conduire une analyse critique des données scientifiques prises en compte dans le processus d’expertise.