Glyphosate : soupçon sur les expertises
La Commission européenne a bien essayé de prolonger de dix-huit mois l'autorisation du glyphosate, herbicide classé "cancérogène probable pour l'homme" par le Centre international de recherche sur le cancer (Circ), mais le comité technique des Etats membres, réuni le 6 juin, n'a pas suivi. L'imbroglio se poursuit donc à propos du principal composant du Roundup, célèbre désherbant produit par la firme Monsanto.
Le 12 novembre 2015, dans un avis opposé au Circ, l'Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) avait considéré comme "improbable" la cancérogénicité du glyphosate. Ce qui avait provoqué la colère de 96 scientifiques du monde entier, qui ont demandé d'"écarter les conclusions faillibles de l'Efsa" et appelé à "une étude transparente, ouverte et crédible de la littérature scientifique". En mars, six ONG ont déposé plainte contre les responsables de l'évaluation du glyphosate en Europe, pour "déni de ses effets cancérogènes". Dont Générations futures, qui a porté l'affaire devant la justice française pour "mise en danger de la vie d'autrui et tromperie aggravée". Elle a également mis en ligne (www.generations-futures.fr), le 21 avril, la première carte de France des victimes de pesticides. Avant un nouveau rebondissement, le 16 mai. Selon le Joint Meeting on Pesticides Residues (JMPR), dépendant des Nations unies, "il est improbable que le glyphosate pose un risque cancérogène pour les humains qui y seraient exposés par l'alimentation". Les ONG ont aussitôt dénoncé les conflits d'intérêts au sein de cet organisme. De fait, comme l'a révélé Le Monde (17 mai), le JMPR est présidé et coprésidé par deux toxicologues par ailleurs consultants pour l'International Life Sciences Institute (ILSI), un lobby scientifique notamment financé par des sociétés agrochimiques commercialisant... du glyphosate.