Harcèlement moral : l’enquête interne n’est plus obligatoire

par Françoise Champeaux / 18 septembre 2024

Coup de tonnerre sur les enquêtes internes que l’on croyait incontournables en présence de faits supposés de harcèlement moral. Dans un arrêt du 12 juin 2024 (n° 23-13.975) qui a fait grand bruit, la chambre sociale de la Cour de cassation affirme que lorsque des faits de harcèlement sont portés à la connaissance de l’employeur, celui-ci n’est plus obligé de déclencher sans délai une enquête interne destinée à vérifier la véracité des agissements dénoncés. Voilà qui met fin à une jurisprudence datant de 2019 (Cass. soc., 27 nov. 2019, n° 18-10.551) qui associait systématiquement harcèlement à enquête interne. Celle-ci prenait diverses formes. Menée conjointement avec les représentants du personnel, elle pouvait être confiée à un cabinet externe, voire à un cabinet d’avocats. En l’absence d’enquête interne, la responsabilité de l’employeur était engagée. Cette jurisprudence avait par ailleurs encouragé des cabinets à développer une offre de services sur ces sujets.  
Cet arrêt de juin 2024 de la Cour de cassation change la donne : l’obligation de sécurité dont l’employeur est tenu n’implique plus qu’il diligente obligatoirement une enquête interne. En présence de faits de harcèlement moral, l’employeur doit toujours prendre des mesures de nature à préserver la santé et la sécurité du ou des salariés concernés. Ces mesures doivent être « suffisantes », ce que contrôlera le juge.