Des hôpitaux en grande souffrance
Dans une tribune du 16 janvier parue dans Libération, 1 000 médecins hospitaliers dénonçaient une "nouvelle cure de rigueur budgétaire", qui entraînerait "une dégradation des conditions de travail [...], un épuisement et une démotivation des soignants" ainsi qu'"une baisse de la qualité des soins". Le 11 février, un appel citoyen à des états généraux de la santé proclamait que "la souffrance au travail des médecins, infirmiers, aides-soignants et du personnel paramédical nous concerne tous". Entre-temps, le malaise s'était étendu aux internes. Plusieurs suicides sont à déplorer. L'Intersyndicale nationale des internes (ISNI) a mis en avant, fin janvier, celui de Marine, interne en dermatologie à l'hôpital Cochin, à Paris. "Le dernier d'une trop longue série", selon l'ISNI, qui y voit un "échec collectif". Interpellée, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, n'a pas encore, à l'heure où nous imprimons, rencontré les praticiens ni les internes.
A travers ces mobilisations, les nouvelles méthodes de gestion appliquées à l'hôpital ont souvent été dénoncées comme source du mal-être. Un écueil soulevé par l'enquête menée au CHU de Grenoble, à la suite du suicide d'un neurochirurgien en novembre dernier. La ministre de la Santé avait alors commandé au médiateur national, Edouard Couty, un rapport sur les conditions de travail dans cet hôpital. Rendu en janvier, celui-ci pointe une série de "défauts" dans la gouvernance et son orientation trop axée sur "les problématiques budgétaires". "Le style de management qui maintient de manière permanente une certaine pression sur les équipes et qui priorise le résultat mesuré à l'aune d'indicateurs d'activité et de produits ou d'indicateurs de consommation de moyens doit s'infléchir", souligne-t-il. La ministre de la Santé a exigé qu'un plan d'action conforme aux recommandations du médiateur lui soit proposé "au plus tôt".