"Les horaires atypiques pèsent sur la santé"

par Béatrice Barthe ergonome, auteure de l'article "La déstabilisation des horaires de travail" / avril 2015

"Les horaires atypiques concernent désormais les deux tiers des salariés français. Le nombre de femmes travaillant la nuit a doublé depuis vingt ans. Outre leur impact sur la vie sociale, les horaires alternants et/ou de nuit, en perturbant l'horloge biologique, pèsent sur la santé, avec une fatigue chronique et l'apparition de troubles nerveux, du sommeil ou de la digestion. L'Organisation mondiale de la santé classe le travail de nuit posté comme agent probablement cancérogène. Ce risque se cumule par ailleurs avec d'autres facteurs de pénibilité. Cela étant, les travailleurs ne restent pas passifs, ils adoptent des comportements pour préserver la qualité du travail - en luttant contre la somnolence -, leur vie personnelle et leur santé. Les pistes pour diminuer les risques liés à la déstabilisation des horaires passent par une analyse de ces stratégies, en concertation avec les intéressés. Développer leurs marges de manoeuvre, en donnant de la souplesse aux prescriptions professionnelles et de l'autonomie, en constitue une. L'appui du collectif de travail en est une autre, ce qui suppose des effectifs suffisants. Mieux concilier vie professionnelle et vie privée grâce à une plus grande prévisibilité des plannings ou à la possibilité de téléphoner du lieu de travail peut aussi aider à prévenir l'épuisement physiologique et psychologique lié aux horaires atypiques."