Les horaires décalés accélèrent le vieillissement cognitif
Travailler pendant une longue période en horaires décalés, notamment la nuit, accélère le vieillissement cognitif, confirme une étude franco-britannique publiée le 4 novembre dans la revue Occupational and Environmental Medicine. Pendant dix ans, les chercheurs ont suivi 3 000 salariés du Sud de la France, âgés de 32 à 62 ans au début de l'étude, oeuvrant dans tous les secteurs (ouvriers du BTP, employés de bureau, infirmières) et dont la moitié avait travaillé en horaires décalés pendant au moins 50 jours au cours de l'année. Leurs capacités cognitives (mémoire, attention, vitesse de réaction) ont été mesurées tous les cinq ans entre 1996 et 2006, lors de tests neuropsychologiques.
Résultat : les personnes qui avaient eu un travail posté pendant dix ans ou plus présentent un déclin cognitif plus rapide que les autres. En outre, l'impact négatif sur les capacités cognitives persiste pendant au moins cinq ans après l'arrêt du travail posté. Toutefois, après avoir arrêté de travailler en horaires décalés, les personnes peuvent retrouver un fonctionnement cognitif normal au bout de cinq ans.
Selon Jean-Pierre Marquié, ergonome au Laboratoire cognition, langues, langages (CNRS, université de Toulouse), qui a coordonné l'étude, "la baisse des scores obtenus équivaut à un vieillissement cognitif de 6,5 ans, une baisse qui n'est pas négligeable, mais qui demande encore à être confirmée par d'autres études".
Pour limiter ces effets, les chercheurs proposent la surveillance personnalisée par le médecin du travail, une meilleure organisation du travail permettant de favoriser les "horaires les plus favorables au sommeil" et une sensibilisation des salariés à une bonne hygiène de vie (alimentation, sommeil, activité physique, préservation des liens sociaux).