"Il faut des sanctions pour les entreprises et pas seulement pour les cas les plus graves"
Pourquoi avoir proposé la création d'un tableau de maladies professionnelles ?
François Ruffin : Nous souhaitons avant tout que les troubles psychiques liés au travail soient davantage reconnus. Il nous a été reproché que la création d'un tableau était du ressort des partenaires sociaux, et non des parlementaires. Sauf que lorsqu'une partie y est hostile, c'est le rôle des pouvoirs politiques de leur mettre la pression. Le but est de poser le débat. Reconnaître ces graves troubles psychiques est nécessaire. Néanmoins, une des limites de notre proposition, qui vaut aussi pour celle de la Nouvelle Gauche [diminuer le seuil des 25 % d'incapacité permanente nécessaire pour que la reconnaissance en maladie professionnelle d'une affection psychique soit étudiée, NDLR], c'est que la très grande majorité de ces troubles passeraient quand même au travers du radar. Il faut davantage de sanctions pour les entreprises dont les salariés sont exposés à des RPS [risques psychosociaux], et pas simplement pour les cas les plus graves.
Comment inciter les entreprises à mieux prévenir ces troubles ?
F. R. : La branche accidents du travail-maladies professionnelles de l'Assurance maladie a la possibilité de croiser des données telles que la consommation d'anxiolytiques des salariés et l'absentéisme, puis de les comparer entre les différentes entreprises et administrations. Cela permettrait d'identifier celles où les RPS sont les plus élevés - et pas seulement celles où des travailleurs ont sombré dans le burn-out - et de les mettre davantage à l'amende pour les responsabiliser.