"Il est très difficile de chiffrer le coût social"

par Denis Bérard psychosociologue, chargé de mission à l'Agence nationale pour l'amélioration des conditions de travail (Anact) jusqu'en 2015 / juillet 2016

"On peut distinguer deux types de postes en horaire de nuit : ceux qui sont imposés par la nécessité de continuité de certains services, typiquement l'hôpital ou la police, et ceux qui répondent à une exigence de rentabilité, en particulier dans les secteurs industriels à forte intensité en capital. Dans ce dernier cas, le travail de nuit n'est pas, au sens strict, nécessaire. Les salariés ont des compensations en termes de primes, mais l'essentiel des gains va à l'entreprise. Or, quel est le gain économique d'une organisation fonctionnant en deux équipes, jour et nuit, par rapport à une autre ne travaillant qu'avec des équipes de jour ? On ne le sait pas, ces études de productivité restent confidentielles. Ces éléments ne sont pas rapportés à la santé et aux coûts à plus long terme pour la société : prise en charge par l'Assurance maladie, mais aussi coûts induits comme les gardes d'enfants, les transports... Il est d'autant plus difficile de chiffrer ce coût social que l'on ne dispose que de très peu d'études de cohorte croisant très précisément les données de santé avec les horaires et rythmes de travail."